Les tagueurs de trains coûtent des millions à la SNCB

Personnel ÖBB nettoyant un train (Photo: 2023, ÖBB, Michael Fritscher)
Personnel ÖBB nettoyant un train (Photo: 2023, ÖBB, Michael Fritscher)

Les dommages financiers causés par les graffitis sur les trains se chiffrent en millions et constituent un problème à l’échelle européenne. C’est ce qui ressort de rapports et de chiffres récemment publiés et demandés par RailTech et sa publication sœur SpoorPro. La SNCB dépense également des millions chaque année pour nettoyer les trains, révèle un porte-parole.

Les compagnies ferroviaires hésitent à partager des informations sur les dommages (financiers) qui découlent des graffitis. En effet, les graffiteurs se surveillent étroitement les uns les autres, parfois au-delà des frontières nationales. La publication d’images ou d’un aperçu des coûts pourrait leur donner des idées, a déclaré un porte-parole des Chemins de fer néerlandais, Nederlandse Spoorwegen (NS). Il révèle que les coûts pourraient facilement s’élever à 10 millions d’euros sur une base annuelle, mais n’en dit pas plus.

Ces coûts sont avant tout liés au nettoyage. Mais aussi au fait que les trains qui doivent être nettoyés sont mis hors service. Cela affecte les passagers. Et il y a aussi un aspect social, dit NS. « Un sentiment de sécurité pour les passagers commence par un train propre ». En Belgique, la SNCB indique à RailTech qu’en 2022, 218 590 mètres carrés de tags et autres graffitis ont dû être enlevés. Ceci a coûté 6,77 millions d’euros. La facture est donc nettement plus élevée que l’année dernière, pendant laquelle 174 794 mètres carrés avaient dû être nettoyés. Les dégâts ont coûté 5,41 millions d’euros.

Base de données

L’ÖBB, elle, a choisi de partager ses chiffres mercredi. Les dommages causés en Autriche se sont élevés à 3,2 millions d’euros l’an dernier. En 2022, 2 946 incidents ont été recensés, soit une augmentation de 37 pourcent. Selon l’ÖBB, cela s’explique non seulement par l’augmentation du nombre de graffiteurs, mais aussi par l’augmentation du nombre de signalements.

Il y a eu des nouvelles positives en ce qui concerne le recouvrement de dommages et intérêts auprès des contrevenants. L’année dernière, 32 personnes ont été prises en flagrant délit. Le transporteur autrichien s’est vu attribuer plus d’un demi-million d’euros par les juges en 2022, un nouveau record.

Pour lutter contre les graffiteurs, ÖBB, en collaboration avec la police, gère une base de données dans laquelle elle conserve les images des tags et autres signes. Ainsi, des cas de vandalisme plus anciens peuvent parfois être attribués à une personne après plusieurs années. En moyenne, 24 personnes sont ainsi appréhendées chaque année. La NS dispose d’une base de données similaire que le Gemeente Vervoerbedrijf (GVB), Compagnie de transport municipale d’Amsterdam, utilise également.

Personnel ÖBB nettoyant un train (Photo: 2023, ÖBB, Michael Fritscher)
Personnel ÖBB nettoyant un train (Photo: 2023, ÖBB, Michael Fritscher)

69 000 euros de coûts quotidiens

Le problème des graffitis en Espagne est d’une autre ampleur. La compagnie ferroviaire Renfe y perd 25 millions d’euros par an. Cela représente 69 000 euros par jour. Renfe affirme devoir consacrer 10 500 heures de travail par an au nettoyage des trains, ce qui consomme également beaucoup d’énergie : 400 000 kilowattheures.

Renfe a recensé plus de 3 500 tentatives d’effraction dans les locaux pour accéder aux trains ou aux bâtiments l’année dernière, soit 10 incidents par jour. Il y a finalement eu 33 arrestations en 2022. Par ailleurs, 150 personnes ont été poursuivies en justice pour des graffitis dans l’environnement ferroviaire l’année dernière. Enfin, grâce au déploiement d’agents de sécurité pour des patrouilles supplémentaires, 829 incidents ont été évités, selon la Renfe.

Film de protection

Pour protéger les trains des graffitis, les transporteurs utilisent aujourd’hui un film protecteur spécial. L’entreprise néerlandaise Fleetshield est spécialisée dans ce domaine. Il y a quelques mois, Jeroen van Son, directeur général/DGA, expliquait à SpoorPro ce qui fait la particularité d’un film destiné spécifiquement au matériel ferroviaire : Il doit avoir une certaine résistance mécanique, être résistant aux UV et aux produits chimiques. Il doit même convenir aux produits de nettoyage spécifiques que les transporteurs utilisent pour enlever les graffitis ou avec lesquels les wagons sont lavés.

En outre, le film ne doit évidemment pas se détacher, mais il ne doit pas non plus se fendre. Il ne doit pas non plus y avoir de différence de couleur entre les différents lots de film. À l’heure actuelle, il est également très important d’être conforme aux normes incendie En-45545. Ce n’est pas toujours une tâche facile et cela demande beaucoup de connaissances et de perspicacité.

Auteur: Emma Dailey