Nouveau rapport de l’ART Française: progrès post-pandémie
Plus de 400 kilomètres de voies ferrées ont été mis hors service entre 2019 et 2021, selon le sixième bilan annuel de 2021 de l’Autorité de régulation des transports (ART) publié mercredi. L’intensité d’utilisation des lignes ferroviaires se rapproche toutefois des niveaux pré-COVID-19.
Le rapport présente l’évolution des marchés ferroviaires de marchandises et de voyageurs, encore impactés en 2021 par la crise sanitaire. Il éclaire plusieurs enjeux majeurs de la politique des transports ferroviaires, dont la qualité des infrastructures et des services, et le suivi des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Au cours des cinq dernières années, les efforts d’investissement ont permis de rajeunir significativement le réseau ferré national de plus de deux ans. Les investissements sur le réseau ferré national ont augmenté en 2020 et 2021, notamment sur les lignes à grande vitesse, et s’élèvent à un total de 5,4 milliards d’euros. Cependant, elles ne permettent pas encore de réduire le niveau moyen de vétusté des voies, notamment sur les lignes à grande vitesse, qui présente encore un besoin important de renouvellement à l’avenir.
La contraction du réseau ferré national se poursuit avec la fermeture, en cinq ans, de près de 1 200 km de voies vétustes et peu utilisées. Ainsi, les lignes classiques ont rajeuni de plus de 2 ans depuis 2015. En revanche, l’indicateur d’état moyen des lignes à grande vitesse (LGV) apparaît toujours dégradé, notamment sur l’axe le plus fortement circulé (LGV Sud-Est), ce qui nécessitera des travaux de renouvellement dans les prochaines années.
En 2021, les coûts d’entretien et de surveillance des voies, stables depuis un an et en légère baisse depuis 2019 (-5%), se concentrent en particulier sur le réseau le plus utilisé.Ils sont cependant en hausse pour les voies du réseau structurant hors LGV. De plus, “en 2021, les coûts d’entretien du réseau RER RATP ont représenté 140 millions d’euros en 2021, et les investissements, sur ce même réseau, un montant de 250 millions d’euros,” selon le rapport.
Recettes
Les recettes directes des activités de transport ferroviaire de voyageurs ont diminué de 30 % par rapport à 2019. Cette baisse a été plus marquée pour les activités internationales, avec un baisse de 65 %, que pour celles de TAGV domestiques, qui ont vu une baisse de seulement 28 %. Cependant, les revenus des activités TER et Transilien ont augmenté de de 6% et 4% respectivement , du fait d’une forte hausse des concours publics d’exploitation.
De plus, le rapport affirme que “les recettes commerciales TER ont fortement reculé pour la majorité des régions, et de plus de 20 % en Centre-Val de Loire, Provence-Alpes-Côte-d’Azur et Hauts-de-France. Les concours publics ont cependant permis un maintien des revenus au niveau de 2019 pour toutes les régions excepté Centre-Val de Loire et Bourgogne-Franche-Comté.”
Ouverture à la concurrence
L’an dernier, la majorité des régions ont validé un calendrier d’ouverture à la concurrence de leurs services ferroviaires régionaux L’ouverture à la concurrence des services ferroviaires de voyageurs hors OSP n’a débuté qu’en toute fin d’année 2021, avec l’arrivée de Trenitalia, et reste limitée, en 2022, à la présence d’un seul opérateur alternatif, en plus des offres de l’opérateur historique SNCF Voyageurs et de sa filiale OSLO, qui exploite les services » Ouigo Train Classique « , nouvellement créés en 2022. L’année 2021 a également vu la reprise de l’offre de trains de nuit en France.
Part modale et fréquentation passagère
En 2021, la reprise globale du transport ferroviaire de voyageurs apparaît plus dynamique en France que dans la plupart des pays européens. Le transport de voyageurs reste affecté par la crise sanitaire en 2021, notamment en raison d’une reprise progressive des obligations de service public et des dessertes internationales.
La part modale du transport ferroviaire de voyageurs est de 8,6 % en 2021. Elle est en augmentation par rapport à 2020, mais reste inférieure de 1,3 % à celle de 2019, au profit du transport routier. La fréquentation ferroviaire en 2021 s’élève à 76 % de son niveau de 2019, tandis que l’offre de transport ferroviaire de voyageurs (en trains.km) a retrouvé, en 2021, 94 % de son niveau 2019, avec une forte variabilité d’usage selon les régions.
Le trafic de voyageurs reste très affecté pour les services d’obligations de service public (OSP) régionaux parisiens » Transilien » (baisse de près d’un tiers par rapport au niveau de 2019), malgré le maintien de l’offre, et pour les services internationaux (baisse de 58 % par rapport à leur niveau de 2019). Les services régionaux OSP TER montrent également une faible reprise du trafic d’abonnés, qui a chuté de plus de 35 % dans certaines régions entre 2019 et 2021. Enfin, la fréquentation 2021 ressort en forte baisse, de -31 % à -38 % pour les lignes RER et jusqu’à -41 % pour la ligne N. Les taux d’occupation des lignes sont ainsi restés à des niveaux proches de ceux de 2020.
Amélioration des services et des émissions GES
Les taux d’annulation des trains en retard diminuent en 2021. La réduction du nombre de trains sur le réseau ferré national a également permis d’améliorer la régularité et la ponctualité des services à grande vitesse, ainsi que de la plupart des services régionaux OSP, à l’exception notable de la région Hauts-de-France. Selon le rapport, “la ponctualité au terminus des circulations voyageurs est en hausse moyenne de 2 points de pourcentage par rapport à 2019, notamment les TAGV domestiques et Transilien.”
En 2021, le taux de réalisation, c’est a dire des trains ayant effectivement circulé par rapport aux trains programmés, est de 86 %. Le taux de fiabilité des circulations TER (annulations et déprogrammations) est revenu au niveau de 2019, 8 %, avec des améliorations ayant concerné la plupart des régions. De même, le taux de ponctualité des circulations TER est supérieur, pour l’ensemble des régions, aux niveaux de 2019. Cependant, le taux de déprogrammation des trains reste élevé, tant au premier semestre, marqué par une période de fermeture, qu’au dernier semestre 2021.
Enfin, la baisse du trafic en 2021 s’est accompagnée d’une baisse de 7 % des émissions de gaz à effet de serre mesurées, “notamment en raison d’un accroissement de l’utilisation des matériels ferroviaires bi-modes par l’activité TER.”
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