France: l’espagnol Renfe s’apprête à entrer sur le marché jusqu’à Lyon
Après Trenitalia en décembre 2021, c’est l’opérateur historique Renfe qui fait maintenant des simulations commerciales pour ses futurs services en France.
La Renfe a commencé à tester ses propres services de trains AVE (Alta Velocidad Española) qui circuleront entre l’Espagne et la France. Une première ligne a été testée entre Barcelone Sants, avec des arrêts intermédiaires à Gérone, Figueres Vilafant, Perpignan, Narbonne, Montpellier, Nîmes, Valence TGV et Lyon.
En réalité, les TGV espagnols AVE S-100 de la Renfe circulaient déjà jusqu’à Lyon et Marseille jusqu’en décembre dernier, sous une coupole commune avec la SNCF appelée Elypsos. Autrement dit chacun gérait le même train sur son territoire.
Mais voilà, en février dernier, la SNCF décidait de rompre le contrat et de reprendre ses rames TGV Euroduplex pour exploiter les Paris-Montpellier-Barcelone en solo. Exit donc la coopération.
La Renfe, plutôt que de s’en tenir à cette situation, a alors pris l’initiative de poursuivre les liaisons Barcelone-Marseille et Barcelone-Lyon à son propre compte. Remonter jusqu’à Paris est le but ultime mais il n’est pas à l’ordre du jour de l’opérateur historique espagnol.
Derniers réglages
Les tests qui ont débuté, appelés dans le jargon ferroviaire « marches à blanc », consistent à reproduire les caractéristiques du service commercial, afin de démontrer la solvabilité opérationnelle et de former le personnel.
Afin de pouvoir commencer les opérations commerciales sur ces lignes, il était en effet nécessaire de former des conducteurs et du personnel d’intervention. La Renfe a déjà formé les premiers conducteurs de train. Les autres, jusqu’à ce que le niveau d’effectif optimal soit atteint, seront formés progressivement au cours des prochaines semaines.
Le début de ces tests a été possible grâce au fait que Renfe a pû surmonter une multitude d’exigences imposées par l’Agence française de sécurité (EPSF).
Bien qu’en Espagne, le certificat de sécurité soit étendu à l’exploitation de l’ensemble du réseau ferroviaire d’intérêt général (RFIG), en France, les exigences de l’EPSF ne permettent d’obtenir le certificat que pour exploiter des lignes spécifiques, et non l’ensemble du réseau.
Le certificat obtenu le 22 décembre ne concerne que les lignes Perpignan-Lyon et Perpignan-Marseille.
La libéralisation par où on ne l’attendait pas vraiment !
Alors qu’à l’origine l’idée était de faire entrer de nouveaux opérateurs, la France va maintenant s’offrir jusqu’à trois opérateurs longue distance : SNCF, Trenitalia et bientôt Renfe. Il s’agit toutes d’entreprises aux mains de leur État respectif, sans actionnaires privés ou autres.
L’Espagne connait aussi la concurrence sur certaines de ses grandes lignes. Le souci d’augmenter le nombre de circulations a été guider là-bas pour alimenter les caisses d’ADIF AV, le gestionnaire d’infrastructure à grande vitesse, dont le réseau accumule une dette astronomique. Or l’opérateur historique Renfe seul ne serait jamais parvenue à doubler ou tripler son trafic.
Quant à l’Italie, l’opérateur historique Trenitalia se frottre depuis avril 2012 au concurrent NTV-Italo, qui détient un bon tiers du marché à grande vitesse italien complet.
Ces deux pays savent donc de quoi on parle en matière de libéralisation et comptent, via leur opérateur historique, s’étendre largement en Europe. La Renfe à Bruxelles ? Ce n’est pas pour demain mais c’est parfaitement envisageable…
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