C’est quoi le « Frecciarossa » qui pourrait un jour arriver chez nous ?
Disons-le tout de suite : ce train italien n’est pas prévu pour être à quai à Bruxelles d’ici peu. Mais la présence de Trenitalia, l’opérateur historique italien, à Madrid et à Paris, permet d’envisager un jour la venue de ce train en terres bruxelloises.
Le Frecciarossa est le nom donné par l’opérateur public italien Trenitalia à son train à grande vitesse, inventé par feu-Bombardier. Si on vous en parle cette semaine, c’est pour trois raisons.
D’abord l’opérateur privé espagnol Iryo, dans lequel on retrouve Trenitalia, démarre ce vendredi ces services commerciaux entre Madrid et Barcelone, ainsi que Valence, précisément avec ce train Frecciarossa.
D’autre part, le même Trenitalia exploite les mêmes trains Frecciarossa entre Paris, Lyon et Milan. L’internationalisation de ce train n’est donc plus à démontrer.
Et enfin, il faut se rappeler l’histoire récente, quand Thello, une ancienne filiale de Trenitalia aujourd’hui dissoute, avait demander jadis à Infrabel des sillons Paris-Bruxelles. La demande est aujourd’hui obsolète mais rien ne dit que Trenitalia ne remettrait pas un jour le couvert.
Le nom de Frecciarossa sur toutes les voies d’Europe, et donc de Bruxelles, n’est plus une théorie mais pourrait – on reste au conditionnel -, devenir un jour réalité.
Un train devenu une référence européenne
Le Frecciarossa est issu de la plateforme Zefiro V300 consécutive à une expérience de 25 ans acquise par ADtranz, devenu ensuite Bombardier, dans l’élaboration des ICE-1 et ICE-2 en Allemagne, puis du Talgo S-102 en Espagne, où la firme canadienne avait conçu les éléments de traction.
Le Zefiro V300 succéda ensuite à ces expériences au travers d’un contrat de Bombardier pour fournir 70 rames à grande vitesse à la Chine, à construire en joint-venture avec CSR Sifang Locomotive, rames qui furent mises en service courant 2014, sous la série CRH380D.
En Chine, le train était prévu pour 380km/h en vitesse commerciale, surpassant tout ce qui était jusque-là disponible en matière de grande vitesse. Bombardier pouvait dès lors prétendre à faire partie du club très fermé des constructeurs de matériel roulant à grande vitesse.
Sur les terres européennes
Il ne faut cependant pas croire que ce train est chinois, loin s’en faut. En novembre 2009, l’opérateur public italien Trenitalia lançait un appel d’offre pour la fourniture de 50 nouveaux modèles de train à grande vitesse, afin de succéder aux ETR 500 dont la qualité avait reçu quelques critiques du CEO de l’entreprise publique.
Bombardier se mettait en consortium avec AnsaldoBreda afin de faire offre avec son train Zefiro V300 entièrement conforme aux Spécifications Techniques d’Interopérabilité européennes (les fameuses STI). Le duo fut déclaré vainqueur en août 2010 et le travail fut réparti entre l’usine italienne de Bombardier de Vado Ligure, et l’usine d’AnsaldoBreda à Pistoia, près de Florence.
Le 25 avril 2015, à l’occasion du 70e anniversaire de la libération de l’Italie, a eu lieu le lancement de la première liaison Milan-Rome, parcourue en moins de trois heures avec ce nouveau train.
Entretemps, Hitachi Rail faisait coup double en rachetant AnsaldoBreda en 2015, puis la grande vitesse de l’ex-Bombardier en 2021. Le japonais dispose ainsi de l’architecture complète, signalisation + train, le tout entièrement compatible avec les STI européennes.
Aujourd’hui, Trenitalia ne jure plus que par ce train. Après les 50 rames uniquement aptes au territoire italien, Trenitalia en a recommandé pour ses opérations destinées à l’étranger. L’opérateur italien et Hitachi Rail engrangent ainsi une expérience solide dans la grande vitesse en Europe, et deviennent capables de répondre à toutes les misères nationales qu’impliquent encore la venue de tels trains.
Le Frecciarossa à Bruxelles, ce n’est pas à l’ordre du jour. Mais il ne faut jamais dire jamais…
Articles similaires :