L’opérateur espagnol Renfe doit changer son système de leasing

Les concurrents de la Renfe dans le transport de marchandises auront accès à l’offre de location de locomotives de l’opérateur public, via Renfe Alquiler, avec plus de transparence et d’anticipation.

Ainsi en a décidé la ‘Comisión Nacional de la Competencia’ (CNMC), l’autorité indépendante chargée de garantir la libre concurrence et de réguler les marchés en Espagne. Ses avis s’appliquent bien évidemment au service public ferroviaire.

L’enjeu ? La CNMC a souligné que la location de locomotives par Renfe « est indispensable aux entreprises pour pouvoir exercer leur activité ». Toutefois, elle fait valoir que, depuis un an, « une nouvelle procédure de location de locomotives a été mise en place, qui s’est avérée inefficace ». Une sorte de tirage au sort avait en effet été instauré, ne permettant aucune anticipation ni prévision.

Concrètement, sur les huit locomotives attribuées dans les procédures tenues en mai, juin et novembre 2021, sept l’ont été par tirage au sort, et cinq à un prix 20 % plus élevé que le prix résultant du mécanisme d’attribution précédent.

Une plainte avait dès lors été déposée l’an dernier par l’ Association des entreprises privées des chemins de fer (AEFP) et certains de ses associés à titre privé.

La CNMC vient de rendre son verdict. L’opérateur ferroviaire public espagnol Renfe se conformera aux orientations proposées par la Commission nationale des marchés et de la concurrence (CNMC) et publiera sur le site Internet de Renfe Rental les locomotives que les entreprises dédiées au transport ferroviaire de marchandises pourront louer à la fin de chaque année.

Cette obligation est établie jusqu’en 2025, date à laquelle la situation sera évaluée.

Transfert modal avec plusieurs opérateurs

L’Espagne, comme tout autre pays d’Europe, s’est engagée à prendre une vaste série de mesures pour décarboner le territoire. Parmi ces mesures : un transfert modal de la route vers le rail. Encore faut-il que le secteur de fret ferroviaire soit dynamique.

Une partie du dynamisme résiderait dans l’acquisition facile de matériel roulant pour d’autres opérateurs, et dont la Renfe n’a plus besoin. Car l’État espagnol compte sur plusieurs opérateurs pour espérer le transfert modal tant attendu. L’acquisition de matériel de traction reste, on le sait, un des points noirs des opérateurs alternatifs, tant en Espagne qu’ailleurs en Europe.

Et ceci est d’autant plus vrai qu’à l’inverse de l’Europe, le matériel roulant espagnol reste cantonné dans la péninsule ibérique, du fait de l’écartement différent des voies. Les locomotives ne peuvent pas ainsi être relouées ailleurs hors d’Espagne.

Transparence

L’autorité de la concurrence a imposé à Renfe Alquiler l’obligation de publier sur son site web, à la fin de chaque année civile, « la prévision des locomotives qu’elle louera pour au moins l’année suivante ». La CNMC a déclaré que, « pour que Renfe Alquiler puisse effectivement respecter son obligation de transparence, il est nécessaire que Renfe Mercancías l’informe à l’avance des locomotives qu’elle prévoit de lui fournir, car c’est cette filiale du groupe Renfe qui lui vend les locomotives qu’elle loue ensuite ».

La CNMC a d’ailleurs rappelé l’initiative ‘Mercancías 30’ du ministère espagnol des transports, de la mobilité et de l’agenda urbain, qui vise à doubler la part modale du rail dans le transport de marchandises en Espagne. « Pour toutes ces raisons », explique la CNMC, « il est souhaitable d’augmenter l’offre de location et que les locomotives soient mises à la disposition des entreprises de manière transparente et annoncée suffisamment à l’avance ».

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Auteur: Frédéric de Kemmeter