Suisse : le Südostbahn veut étendre son marché sur le terrain des CFF

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Le peu connu Südostbahn (SOB), est en quête de conquérir de nouveaux clients avec des trains confortables et directs. En essayant d’exploiter de nouvelles liaisons dans tout le pays.

Il faut au préalable bien comprendre la politique ferroviaire suisse. En Suisse, le droit de transport régulier et professionnel des voyageurs est transféré au moyen d’une concession. Outre le fait qu’on fait appel à une myriade d’opérateurs, il y a deux types de lignes :

  • les lignes subsidiées à caractère local et régional, qui forment une grande partie du réseau ferré suisse;
  • et les lignes non-subsidiées à caractère national et commercial, que l’on nomme là-bas « grandes lignes ».

Le puissant OFT (Office Fédéral des Transports), tente d’animer le paysage ferroviaire sur base d’une certaine dose d’appel d’offre. L’OFT peut ainsi octroyer une concession selon l’article 7 de la loi sur les chemins de fer, à une entreprise de transport intéressée qui doit tout de même consulter les cantons concernés ainsi que d’autres milieux.

Le monopole ébranlé

Le réseau principal « grandes lignes » n’est donc plus de facto attribué aux chemins de fer fédéraux CFF comme jadis. La concession est octroyée sous la forme d’une décision attaquable et inclut le droit d’exploiter les lignes de la concession pour une durée de 10 ans habituellement et de 25 ans au maximum.

Dans le cadre d’une stratégie d’utilisation du réseau, le Conseil fédéral définit le nombre minimal de sillons à attribuer à chaque type de trafic.

L’octroi par le gouvernement fédéral d’une nouvelle licence pour le trafic longue distance en 2017 avait conduit à une vive bataille entre certains opérateurs et les CFF, principaux bénéficiaires de l’exploitation du réseau.

Cette année-là, l’opérateur BLS, second de Suisse, lançait une grande offensive à l’occasion de la reconduction de la concession sur les grandes lignes. Il voulait mordre sur le monopole des CFF et souhaitait s’arroger une part de ce gâteau sur un marché qu’on sait bénéficiaire d’environ 100 millions CHF par an. En 2019, CFF et le BLS concluaient une « solution à l’amiable » pour le partage de l’exploitation de services longue distance.

Compromis avec le SOB aussi

Pendant ce temps, un troisième opérateur, le SOB (Schweizerische Südostbahn), obtenait une concession pour les liaisons sur la ligne sommitale du Gothard – donc pas via le nouveau tunnel -, et qui passe par Göschenen et Erstfeld. Objectif du SOB : transformer un itinéraire de montagne prétendument peu attrayant en une attraction touristique.

Devant une énième guerre avec les CFF, le SOB parvenait à un compromis en 2017 : il stipulait que le SOB reprendrait l’exploitation des lignes Berne – Burgdorf – Zurich – Coire et Zurich / Bâle – Locarno pour le compte des CFF.

La concession de la ligne et les revenus restaient aux chemins de fer fédéraux, qui supportent également le risque de déficit. Le SOB recevait en échange une redevance forfaitaire pour ses services. Si le revenu dépasse un seuil convenu, le SOB participait aux bénéfices.

Un petit opérateur qui veut grandir

Depuis le changement d’horaire national du 12 décembre 2021, la SOB s’affirme comme une entreprise nationale de transport longue distance, comme les CFF. La nouvelle liaison qui relie les villes de Berne, Zurich et Coire par train direct démarre en décembre.

Avec ses 850 employés et son réseau d’itinéraires de 123 kilomètres en Suisse centrale et orientale, le SOB était en fait trop petit pour survivre seul. Son patron actuel, Thomas Küchler, en place depuis 2010, lui a donné une stratégie. Il aurait quelques idées sur la façon dont le transport ferroviaire dans le pays des chemins de fer suisse pourrait devenir plus dynamique.

Il veut simplifier radicalement l’accès au train pour « toucher ces personnes pour qui voyager en train est encore trop compliqué. » Il cible les touristes, le trafic de loisirs, trop longtemps délaissé, dont le patron prédit que ce sera l’avenir de la clientèle ferroviaire. « Les navetteurs ? Ils font du télétravail ». Le SOB recherche donc d’autres clients…

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Auteur: Frédéric de Kemmeter