France : une usine 4.0 pour les essieux à Tergnier
À Tergnier dans l’Aisne, un des lieux historiques de la réparation d’essieux au sein du groupe SNCF, une nouvelle usine ultra-moderne a vu ses travaux démarrer le 10 novembre.
Unique en Europe, ce site industriel 4.0 intègrera un ensemble d’innovations de pointe qui visent à en faire une référence de productivité et flexibilité dans la maintenance des essieux.
Dans un écrin de 160 ans d’histoire ferroviaire est en train de naître une usine d’essieux ultra-moderne. À Tergnier, où un premier atelier avait ouvert ses portes en 1858, la SNCF a lancé le 10 novembre les premiers travaux de construction d’une toute nouvelle usine. « On part d’une feuille totalement blanche » explique Pascal Villard, directeur industriel Matériel. « L’idée est de remettre complètement à plat le process de production en cherchant un saut de performance à chaque étape de la maintenance des essieux, sans s’imposer de limite ou de continuité avec l’existant ».
Le nouvel atelier, qui s’étendra sur une surface de 14 500 m², vise à pouvoir traiter tous les types d’essieux ferroviaires avec une cadence qui pourra atteindre 1 essieu toutes les 12 mn, 2 fois plus vite qu’actuellement.
Les 40 millions d’euros investis serviront donc cette double ambition de performance et de polyvalence dans un outil stratégique pour SNCF. Ce projet stratégique est aussi un projet humain avec un volet d’adaptation des compétences aux techniques industrielles modernes.
Un système cyber-physique
L’ensemble du site sera équipé de capteurs qui permettront une gestion précise des pièces et de leur flux en son sein. Ce système cyber-physique permettra de piloter en synergie les opérateurs, les machines et les essieux. Concrètement, des AGV (pour Automated Guided Vehicles, des véhicules guidés automatiques) serviront de moyens de livraison autonomes pour les pièces et leurs constituants au sein de l’atelier. Le site bénéficiera de l’intégration native des dernières applications de gestion numériques DIGI IO (pour l’IoT et le BIM), DIGI PRM (via l’application Collector+) et DIGI FLUX (pour la logistique).
Toutes ces innovations, réunies pour la première fois pour produire des essieux, devraient mener à la labélisation « Vitrine Industrie du Futur » pour le site de Tergnier.
Les piliers environnement et sociétal de Tous SNCF sont aussi à l’honneur : les dernières technologies en matière de réduction de consommation énergétique seront déployées pour la conception et le fonctionnement du bâtiment. Il bénéficiera notamment du label HQE (Haute qualité environnementale), ainsi que du label de basse consommation énergétique E2C1 grâce à ses 3 000 m² de panneaux solaires, ses matériaux anti-bruit, et son isolation thermique. L’entreprise Ramery, qui réalisera le chantier, est située dans les Hauts-de-France. Elle s’est engagée à confier 15% des travaux à des artisans ou PME, et 5 800 heures à des personnes en insertion.
160 ans d’innovation
Le groupe SNCF perpétue sur le site de Tergnier une longue histoire d’innovation, pour ce lieu qui a connu en 160 ans l’arrivée de la vapeur, de l’électricité, de l’informatique, et donc aujourd’hui de l’industrie 4.0.
Ce laboratoire et ce modèle sera la référence pour « moderniser d’autres sites avec les briques technologiques mises au point à Tergnier », détaille Pascal Villard. Après s’être vu confier ses premiers essieux en 1973, puis s’être ouvert aux amortisseurs en 2010, et au matériel roulant voyageurs en 2020, le site de Tergnier va rentrer de plain-pied dans le monde de l’industrie connectée au dernier trimestre 2023.