La Région Hauts-de-France met des lignes TER sous appel d’offre
La Région Hauts-de-France fait partie des régions qui ont décidé de mettre une partie de l’exploitation ferroviaire régionale sous appel d’offre.
La France et ses omnibus. Avec la décentralisation, et pour soulager les finances de la SNCF, les trains express régionaux (TER) pouvaient être achetés par les Régions qui les exploitaient dans leur aire géographique depuis la fin des années 1990. Si tous ces services sont subventionnés par les régions françaises, celles-ci n’ont que peu de contrôle réel sur les volumes de trains et les horaires.
En effet, la plupart des lignes françaises ont des services basés sur des horaires historiques, et dans certains cas sur la commodité opérationnelle de l’opérateur ferroviaire national SNCF. Les relations entre la SNCF et les régions sont alors devenues progressivement tendues car les régions ne disposaient pas de cellule ferroviaire avec le savoir-faire requis et devaient se contenter des arguments de l’opérateur public. Il était parfois difficile d’élaborer une politique régionale de développement ferroviaire.
L’activité des TER est importante. Chaque jour, 1.230 TER circulent dans les Hauts-de-France en transportant près de 200.000 voyageurs. La Région met le paquet en matière de financement : le budget train représente près d’un demi-milliard d’euro de dépenses (sur les 3,1 milliards de la Région). Un ticket TER est subventionné à hauteur de 73% par la Région ! Et dans le même temps, la route comptabilise environ 3,5 millions de trajets, détournant autant de clients potentiels du train.
Les chiffres de la ponctualité des TER de la SNCF ne sont pas bons. En 2019, les Hauts-de-France enregistraient 10 % de TER supprimés et 12 % arrivés avec retard, selon les données de la SNCF. Les Hauts-de-France se classent ainsi parmi les plus mauvais élèves du pays, assez loin derrière ses voisins de la Normandie et du Grand Est. Seules les régions PACA, Occitanie et Bourgogne-Franche-Comté font pire.
Changer les choses
Depuis décembre 2019, les régions françaises ont la possibilité d’ouvrir à d’autres opérateurs que la SNCF une partie de leurs lignes de TER. La Région Hauts-de-France a tenu à faire usage de cette possibilité assez rapidement. Non pas pour éjecter la SNCF, mais pour « la challenger », comme l’expliquent plusieurs ténors politiques de la Région.
En janvier 2020, passage aux actes. Trois « lots », représentant 20 % de son réseau TER, étaient présentés en séance plénière du Conseil régional pour la future ouverture des lignes de TER à la concurrence : l’étoile de Saint-Pol-sur-Ternoise, la liaison Paris-Beauvais et l’étoile d’Amiens. En principe, de nouveaux trains sont prévus à fin 2023 sur les trois lots qui cumulent 5 millions de trains-kilomètres par an sur les 22 millions que compte le réseau. Et en mars dernier, la Région lançait la procédure d’ouverture à la concurrence pour les « radiales parisiennes » reliant Paris à Calais, Cambrai et Laon, ainsi que de la future desserte Roissy-Picardie.
Parfois la pression peut porter ses fruits. En janvier dernier, un TER payé par la Région effectuait un aller-retour de week-end entre Lille et Paris, alors que depuis 30 ans seuls les TGV assuraient cette relation. 2h15 à 2h30 entre Lille et Paris avec quatre arrêts sur le trajet, au lieu d’1h10 en moyenne pour le TGV, c’est pour beaucoup moins cher. Un exemple qui pourrait faire d’autres « petits »…