Le PDG d’Amtrak « contraint de démissionner » sous la pression de Trump
Le PDG de l’opérateur public américain Amtrak, Stephen Gardner, démissionne avec effet immédiat, dans une tentative apparente de maintenir le soutien de l’administration du président Donald Trump au transporteur. Tout cela intervient quelques semaines après que le bras droit du président, Elon Musk, a déclaré que l’entreprise devrait être privatisée.
Après quatre ans à la tête de la compagnie ferroviaire soutenue par l’État américain, Stephen Gardner quitte son poste de PDG d’Amtrak, la Maison Blanche ayant déclaré à Reuters que le dirigeant avait été prié de démissionner.
« Je quitte mes fonctions de PDG pour m’assurer qu’Amtrak continue à jouir de la pleine foi et de la confiance de cette administration », a déclaré M. Gardner dans un communiqué.
Suite à sa démission, le secrétaire américain aux transports, Sean Duffy, a déclaré dans un communiqué qu’Amtrak devait répondre aux préoccupations en matière de sécurité. « Il est temps de débarrasser les trésors de notre pays des sans-abri et de la criminalité. Les navetteurs et les voyageurs doivent se sentir en sécurité dans notre capitale ».
Cette nouvelle intervient après que le milliardaire et PDG de Tesla, Elon Musk, un proche allié de Trump chargé de réduire considérablement le gouvernement américain, a déclaré plus tôt en mars qu’il pensait qu’Amtrak devrait être privatisé. Il a ajouté que le réseau ferroviaire américain était bien moins performant que le réseau ferroviaire chinois, hautement centralisé, détenu par l’État et au moins nominalement communiste.
Réduire les coûts d’Amtrak
Au cours de son premier mandat, M. Trump a tenté à plusieurs reprises de réduire le financement public d’Amtrak, qui recevra quelque 2,4 milliards de dollars de soutien fédéral en 2023. La semaine dernière, le Congrès américain a approuvé un financement annuel supplémentaire de 2,42 milliards de dollars pour le transporteur.
Sous le feu des critiques de la nouvelle administration, Amtrak a déclaré à Reuters, en réponse aux commentaires de M. Musk au début du mois, que ses performances commerciales étaient « solides ». La fréquentation et les recettes atteignent des sommets historiques…. Le service de train que nous exploitons à travers notre réseau national, conformément à la loi, est en passe d’atteindre la rentabilité opérationnelle – pour la première fois dans l’histoire – au cours de cette administration. »
En effet, l’entreprise publique à but lucratif espère renforcer les services de transport de passagers sur la côte est des États-Unis, dans le but de doubler le nombre de passagers à l’échelle nationale d’ici 2040, pour atteindre 66 millions de passagers. Le Congrès américain a approuvé en 2021 un budget de 66 milliards de dollars pour des projets ferroviaires dans le cadre d’un projet de loi sur les infrastructures, dont 22 milliards de dollars consacrés à Amtrak sur cinq ans, en plus de son financement habituel.
Un soutien américain qui s’amenuise
Amtrak est fortement soutenu par le gouvernement américain et, malgré ses affirmations, ses finances ne sont pas au beau fixe depuis une demi-décennie. L’entreprise a toujours fait état de pertes financières depuis 2019, bien que le chiffre de cette année-là ait été de 29,8 millions de dollars, soit la perte la plus faible jamais enregistrée.
Pourtant, à l’heure où les transports en commun sont censés faire leur retour dans le contexte de la crise climatique, la nouvelle administration américaine – et en particulier Elon Musk – ne pourrait pas être plus critique. En fait, il y a peu, le propriétaire de la société de voitures électriques a rejeté l’idée même, la qualifiant d' »emmerdeuse » où l’on doit « s’asseoir avec une bande d’étrangers au hasard ».
Le conseil d’administration d’Amtrak a réagi à la démission de son PDG dans un communiqué: « Stephen nous quitte aujourd’hui et nous le remercions pour les 16 années qu’il a passées au service d’Amtrak. Nous nous appuierons sur ses réalisations et lui souhaitons beaucoup de succès. Nous sommes impatients de travailler avec le président Trump et le secrétaire Duffy pour construire le système ferroviaire de passagers de classe mondiale que ce pays mérite. »
La démission soudaine de Gardner intervient alors que Trump et son secrétaire aux transports, Sean P. Duffy, poussent les autorités de transport américaines à se conformer aux nouveaux diktats du gouvernement en matière de transport, qui ciblent notamment la prévention de la criminalité et tentent de mettre fin au plan de tarification de la congestion de la ville de New York, qui fait payer les automobilistes pour entrer dans Manhattan afin d’aider à financer les transports en commun.
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