RailTech Belgium : ‘Implement FRMCS ASAP, but independently of ETCS,’ say lessors

Au cœur du réseau ferroviaire européen, une révolution tranquille se prépare. Si les trains à grande vitesse et les nouvelles locomotives font l’objet d’une grande attention, le véritable moteur du changement pourrait bien être les signaux invisibles et les systèmes de communication qui assurent le bon fonctionnement et la sécurité de l’ensemble. La FRMCS est bientôt prête à devenir ce moteur. Selon Carole Coune, secrétaire générale de l’Association of European Rail Rolling Stock Lessors (AERRL), il est vital pour l’avenir du rail en Europe.
L’AERRL, créée en 2021, représente les neuf sociétés membres qui louent du matériel roulant en Europe. Ces loueurs ont investi massivement dans le secteur ferroviaire européen, avec des investissements actuels de 800 millions d’euros par an et des projets visant à augmenter ce montant à 1 milliard d’euros d’ici 2027. Comme l’explique M. Coune, l’un des principaux objectifs de l’AERRL est de soutenir la vision de l’UE d’un espace ferroviaire européen unique, interopérable et sûr. Cela implique de collaborer avec d’autres acteurs du secteur ferroviaire et avec les institutions européennes pour surmonter les difficultés et saisir les opportunités.

L’un des défis les plus importants auxquels est confrontée l’industrie ferroviaire aujourd’hui est la transition vers un système européen harmonisé de gestion du trafic ferroviaire (ERTMS). L’AERRL plaide actuellement pour le déploiement d’une technologie unique et standardisée du système européen de contrôle des trains (ETCS) à travers l’Europe, en particulier la ligne de base 3.4 (vous pouvez lire notre analyse approfondie de la question ci-dessous).
Cela s’explique en partie par le fait qu’elles possèdent ensemble environ 50 % de la flotte ERTMS européenne. Il n’est donc pas surprenant qu’ils cherchent à éviter l’approche fragmentée actuelle, avec différents niveaux de référence dans divers pays. Mais si le déploiement normalisé de l’ETCS est crucial, le futur système de communication mobile ferroviaire (FRMCS), qui succède au GSM-R, est, selon M. Coune, l’avenir du rail.
Heureusement, ces défis et ces opportunités seront au cœur de notre conférence RailTech Belgium en mars, où des leaders de l’industrie, des décideurs politiques et des innovateurs discuteront de l’avenir du rail européen, en particulier de la transition vers un système de communication basé sur la technologie 5G. À l’heure où la numérisation remodèle le secteur, notre sommet constituera une plateforme cruciale pour étudier comment le FRMCS et d’autres technologies de nouvelle génération peuvent favoriser l’efficacité et l’interopérabilité au sein des réseaux ferroviaires européens. Pour en savoir plus, voir ci-dessous et n’oubliez pas de consulter notre interview vidéo complète de M. Coune, qui sera bientôt disponible à l’adresse …..
FRMCS : l’avenir du rail
« Le FRMCS est un produit plus avancé que le GSM-R », explique M. Coune à RailTech, en référence au système actuellement utilisé pour la communication entre le train et le sol. « Le GSM-R est une technologie merveilleuse, très stable depuis longtemps et qui a offert de nombreux services. Aujourd’hui, avec le FRMCS, l’objectif est de connaître le même succès, mais avec encore plus de fiabilité et de fonctions. »
Le GSM-R (Global System for Mobile Communications – Railway) est actuellement le principal système de communication radio utilisé dans les chemins de fer européens pour la communication entre le conducteur et le centre de contrôle, la signalisation des trains et les opérations de sécurité. Comme l’indique M. Coune, ce système a fait un excellent travail et a constitué une avancée majeure en matière de sécurité. Cependant, il repose sur une technologie 2G de plus en plus obsolète, qui est lente à gérer les demandes de données modernes.
En effet, les fournisseurs de télécommunications et les réseaux ferroviaires s’efforcent d’éliminer progressivement les systèmes basés sur la technologie 2G, ce qui devrait se produire au cours de la prochaine décennie, d’autant plus qu’ils n’ont pas la capacité de prendre en charge les principales innovations ferroviaires à venir, telles que les trains autonomes et la surveillance basée sur l’IA. L’AERRL est préoccupée par le fait que si le GSM-R était une technologie standardisée et stable, il cédera bientôt progressivement la place à une technologie plus récente, et il existe un besoin évident de cohérence dans la transition entre les réseaux de communication, ainsi que dans leur capacité à communiquer avec les technologies ETCS existantes.
Du GSM-R au FRMCS
Pour commencer par l’ancien système, elle souligne que le déploiement du GSM-R n’est toujours pas uniforme en Europe. La majeure partie du réseau polonais, par exemple, n’est pas encore équipée du GSM-R ; pendant ce temps, d’autres pays se préparent à échanger le système pour déployer le FRMCS. Pour l’AERRL, le déploiement d’une technologie standard dans l’ensemble du réseau européen est essentiel. Il faut donc soit assurer un déploiement coordonné d’une seule technologie, soit garantir que les locomotives puissent fonctionner à la fois avec le GSM-R et le FRMCS. En fait, ce qu’ils recherchent, c’est soit l’uniformité, soit la compatibilité.

Le nouveau système basé sur la 5G fournit une communication plus rapide, plus sûre et plus riche en données, permettant une meilleure surveillance vidéo en temps réel, une maintenance prédictive et des opérations ferroviaires entièrement numériques. L’Allemagne va de l’avant avec la Deutsche Bahn qui teste le FRMCS sur des itinéraires clés, notamment dans le cadre du projet de nœud numérique de Stuttgart. La France a également commencé ses essais, la SNCF intégrant le FRMCS dans les corridors ferroviaires à grande vitesse, tandis que la Suisse pilote le système dans le cadre de la modernisation de ses chemins de fer nationaux.
Les obstacles à venir pour passer à la 5G
Cependant, la transition vers le système FRMCS s’accompagne de défis majeurs. Le coût est évidemment un obstacle de taille, car la mise à niveau du GSM-R nécessite d’importants changements d’infrastructure, notamment de nouvelles tours radio, des équipements embarqués et l’intégration du réseau. Au-delà de l’argent, le changement de système de communication peut perturber les opérations ferroviaires quotidiennes, tandis que les trains fonctionnant sur les anciens réseaux GSM-R pourraient être confrontés à des problèmes de compatibilité.
Tout cela nécessite une coordination et des essais minutieux afin d’éviter les risques pour la sécurité et les maux de tête opérationnels. Et tout comme l’ETCS, le déploiement du FRMCS s’annonce très fragmenté, certains pays poursuivant agressivement le déploiement tandis que d’autres sont à la traîne. Tout cela met en jeu l’objectif de l’AERRL et de l’UE, à savoir une interopérabilité sans faille. C’est particulièrement le cas maintenant que la Commission européenne fait pression pour mettre fin au mécanisme d’investissement de l’UE dédié au transport, Connecting Europe Facility (CEF), tout en indiquant que le financement futur des projets ferroviaires, y compris la FRMCS, pourrait être incertain.
En attendant, l’AERRL demande que des délais clairs, des estimations de coûts et des informations sur la compatibilité soient mis à disposition sur ce que sera le déploiement de la FRMCS en Europe. « Nous ne connaissons pas encore exactement les coûts », admet M. Coune. « Les spécifications finales ne sont pas encore disponibles, si je ne me trompe pas, et nous pensons donc que nous aurons besoin de subventions. En fait, comme les coûts, les détails techniques, le calendrier et les normes ne sont pas clairs et que la mise en œuvre du FRMCS n’a pas été initialement prise en compte dans les budgets existants, le soutien financier de l’UE sera crucial pour sa réussite.
Déploiement séparé de l’ETCS et du FRMCS
Le manque de clarté s’avère être une préoccupation majeure pour les loueurs de matériel roulant. « Tant que vous n’avez pas de délais clairs, vous ne pouvez pas planifier, organiser vos investissements », déclare M. Coune. « Et c’est un problème pour les investisseurs », tels que les loueurs de matériel roulant.
Il est intéressant de noter que si l’AERRL souligne l’importance de la compatibilité du FRMCS avec l’ETCS, elle souhaite toujours mettre en œuvre le premier séparément du second afin d’éviter les mises à niveau coûteuses qui accompagneraient inévitablement chaque mise à jour du référentiel ETCS, retardant ainsi le déploiement du FRMCS. La base ETCS 3.4 doit pouvoir communiquer à la fois avec le GSM-R et le FRMCS. Il est donc logique de ne pas se concentrer sur la mise à jour de l’ETCS actuel lors du déploiement du FRMCS, mais plutôt de fournir une interface entre le BL 3.4 et le FRMCS.
« Très, très clairement, ce que nous voulons, c’est que le FRMCS soit mis en œuvre dès que possible, mais indépendamment de l’ETCS », affirme M. Coune. « Nous voulons pouvoir utiliser FRMCS, mais en donnant la priorité à ETCS Baseline 3, et en particulier à Baseline 3.4, car nous pensons qu’il devrait vraiment s’agir de la norme.
Un produit véritablement européen
Au-delà des aspects pratiques, le FRMCS n’est pas seulement une question de mises à jour techniques ; il s’agit de l’avenir du rail européen. M. Coune pense que le système basé sur la 5G pourrait être un « merveilleux exemple d’innovation et de technologies européennes » qui pourrait être exporté dans le monde entier. Mais pour y parvenir, un déploiement réussi en Europe est essentiel.
Au cours des cinq prochaines années, la vision de l’AERRL pour le rail européen repose sur le déploiement réussi et standardisé de la technologie ERTMS, le FRMCS jouant un rôle central. La demande de délais définitifs, de projections détaillées des coûts et de directives de compatibilité de la part de l’UE n’est pas seulement un plaidoyer pour l’efficacité administrative ; c’est un appel à la protection future d’un réseau de transport vital. Comme le dit succinctement M. Coune, la clé est « le déploiement d’une technologie ERTMS unique et standardisée ». Avec le FRMCS qui fera bientôt partie de son noyau, il est essentiellement temps de commencer à aborder la technologie de manière plus holistique.
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