Coup dur pour le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest de SNCF Réseau

Gare de Bordeaux Saint-Jean (Shutterstock)
Gare de Bordeaux Saint-Jean (Shutterstock)

SNCF Réseau, l’entité responsable de la supervision du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), a besoin du feu vert de l’Autorité environnementale française (AE) avant de pouvoir commencer la construction de ce projet de 14 milliards d’euros. Or, l’organisation gouvernementale a non seulement rejeté la demande, mais elle a également critiqué sévèrement la proposition de SNCF Réseau.

Le GPSO prolongera la ligne à grande vitesse reliant Paris à Bordeaux sur deux nouvelles lignes : Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. SNCF Réseau prévoit 5 millions de voyageurs supplémentaires par an sur ces lignes. La première étape, la création des 327 nouveaux kilomètres de lignes à grande vitesse reliant Bordeaux à Toulouse et à Dax, devait commencer à la fin de l’année, mais sera retardée en raison d’un contretemps dans le processus d’autorisation. En effet, le 7 septembre 2023, l’AE a rendu une décision indiquant que des études complémentaires devront être réalisées par SNCF Réseau avant que le projet ne soit approuvé.

Selon l’AE,  » tant pour les aménagements ferroviaires au nord de Toulouse que pour le GPSO, le contenu du projet est insuffisamment analysé et n’est, à ce stade, pas complet. » Le rapport de l’AE précise en outre que « de nombreuses données sont obsolètes (bientôt dix ans), conduit l’AE à constater que le dossier (…) est incomplet sur de multiples questions de fond (artificialisation, gaz à effet de serre, milieux naturels) et ne permet pas d’informer le public sur l’évolution du projet et de ses impacts. » L’AE ne pourra donc réexaminer le dossier du projet que s’il est à nouveau présenté par SNCF Réseau, avec une étude d’impact actualisée, réalisée conformément au code de l’environnement français.

Source: AE
Source: AE

SNCF Réseau répond

Dans un communiqué, SNCF Réseau assure que « Conformément à la procédure menée en application du code de l’environnement, un travail approfondi d’étude, de près de 7000 pages, a été fourni par SNCF Réseau pour présenter de manière détaillée les grands enjeux environnementaux des AFNT. Le dossier communiqué à l’Autorité environnementale comprend notamment une étude d’impact mise à jour (2022) des AFNT, composante du Grand Projet ferroviaire du Sud- Ouest (GPSO). Une attention particulière a été portée à la réactualisation des inventaires concernant la faune et la flore, ainsi qu’aux questions hydrauliques. »

SNCF Réseau indique qu’il prendra en compte les observations de l’AE dans les autres phases du projet GPSO, notamment les Aménagements Ferroviaires au Sud de Bordeaux (AFSB), et continuera à viser la réalisation la plus rapide possible d’un projet très attendu. SNCF Réseau n’a cependant pas communiqué plus de détails sur la durée de la commande d’une nouvelle étude, ce qui laisse planer une grande incertitude quant à l’effet de ce contretemps sur le calendrier du projet. Il semble peu probable que la construction puisse commencer en 2024, pour une mise en service de la ligne en 2030, comme cela était initialement prévu.

Grand Projet ferroviaire du Sud- Ouest (GPSO)

Les lignes nouvelles Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax constituent la première phase du projet GPSO. Elles permettront la création des lignes nouvelles à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, d’une longueur de 327 kilomètres. Les nouvelles lignes ont un tronc commun de 55 kilomètres entre le sud de Bordeaux et le sud de la Gironde. Ces nouvelles lignes se connectent au réseau ferré national au sud de Bordeaux, au nord de Toulouse et au nord de Dax. Le GPSO a pour objectif d’augmenter de 20 % le nombre de passagers par jour dans la région, en passant d’environ 125 000 à 150 000 dans la zone.

Ensuite, des aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB) seront réalisés. Plus précisément, cette deuxième étape est l’achèvement des aménagements ferroviaires de la ligne existante Bordeaux-Sète au sud de Bordeaux (AFSB) sur 12 kilomètres entre Bègles et Saint-Médard-d’Eyrans, en Gironde. Enfin, la troisième étape se déroulera au nord de Toulouse (aménagements ferroviaires au nord de Toulouse, AFNT). Il s’agit de la construction des aménagements ferroviaires de la ligne existante Bordeaux-Sète au nord de Toulouse (AFNT) sur 19 kilomètres entre la gare de Toulouse Matabiau et Castelnau d’Estrétefonds en Haute-Garonne. Ces aménagements consistent à poser des voies supplémentaires pour faire circuler plus de trains tout en réaménageant les gares périurbaines et les arrêts.

Le projet permettra également d’augmenter considérablement la vitesse de déplacement entre les villes de la région : Toulouse et Bordeaux seront à 1h05 à l’horizon 2030. Avec des temps de parcours plus courts, les lignes à grande vitesse réduisent les distances dans le Sud-Ouest. De nouveaux services à grande vitesse permettront également de relier un réseau de villes situées à 30 minutes ou 1h30 de Bordeaux. Le GPSO aura un bilan carbone positif au bout de 10 ans grâce au report modal de l’avion et de la route vers le rail. En effet, il devrait permettre d’éviter 4,3 millions de déplacements en voiture après la première phase de développement jusqu’à Dax, et 7,7 millions une fois le projet totalement achevé.

Source: GPSO
Source: GPSO

Financement du GPSO

Selon la préfecture de la région Occitanie : « En 2022, le projet GPSO est entré dans une nouvelle phase : le plan de financement des différents partenaires a été validé et la société de projet, destinée à financer la part des 24 collectivités territoriales concernées, a été créée. Le GPSO est un projet de 14 milliards d’euros, financé par l’Etat et les collectivités territoriales des régions Nouvelle Aquitaine et Occitanie, ainsi que par l’Union européenne. Ce montant comprend les études, les travaux et les acquisitions foncières des lignes nouvelles Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, ainsi que les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB) et au nord de Toulouse (AFNT).

La ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse coûtera 6,6 milliards d’euros et la ligne à grande vitesse Bordeaux-Dax 1,9 milliard d’euros. Les coûts estimés pour la création de la ligne nouvelle Bordeaux-Toulouse, les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB) et les aménagements ferroviaires au nord de Toulouse (AFNT) s’élèvent à 10,3 milliards d’euros, tandis que la création de la ligne nouvelle jusqu’à Dax coûtera 3,7 milliards d’euros. Le financement se répartit comme suit : 40 % pour l’État (4,1 milliards d’euros), 40 % pour les collectivités locales (4,1 milliards d’euros) et 20 % de subventions de l’Union européenne.

Auteur: Emma Dailey