Les pays européens ont investi davantage dans le réseau routier que dans le réseau ferroviaire

Il y aura beaucoup de travaux dans les jours à venir. Y compris sur la ligne ferroviaire 12. (Photo: Benjamin Brolet, Infrabel)
Chemin de fer (Photo: Benjamin Brolet, Infrabel)

Dans l’ensemble, les pays européens ont investi beaucoup plus dans le réseau routier que dans le réseau ferroviaire depuis 1995. Plus précisément, au cours des 30 dernières années, ils ont investi 66 % de plus dans le réseau routier que dans le réseau ferroviaire. La Belgique n’est pas le plus mauvais élève de la classe, selon Greenpeace.

Greenpeace Europe centrale et orientale a demandé une étude à l’Institut Wuppertal et au groupe de réflexion T3 Transportation. Il en ressort que l’Europe a dépensé au total 1 500 milliards d’euros pour les routes et seulement 930 milliards d’euros pour les voies ferrées. « Au cours des trois dernières décennies, l’Europe a systématiquement réduit son réseau ferroviaire », explique Joeri Thijs, porte-parole de Greenpeace Belgique. « Dans le même temps, des routes ont été construites en masse, ce qui indique une nette préférence pour les moyens de transport qui émettent le plus de gaz à effet de serre (camions et voitures particulières). Les Européens des zones rurales ont été particulièrement touchés, car ils ont de moins en moins accès à des transports publics de qualité. »

Le rail

En approfondissant les chiffres belges du rapport, on constate que le pays (avec 23,26 milliards d’euros entre 1995 et 2018) a davantage investi dans le rail que dans la route (7,49 milliards d’euros entre 1995 et 2018). « Il s’agit bien sûr d’une donnée relative, car nous disposions déjà d’un des réseaux routiers les plus étendus au monde avant 1995 », explique Thijs. « En outre, si l’on considère les investissements par habitant, huit pays font mieux que la Belgique. Notre pays n’est pas le plus mauvais élève de la classe en termes d’investissements ferroviaires. Mais nous pouvons et devons faire beaucoup mieux. Le secteur des transports représente 20 % des gaz à effet de serre émis en Belgique. Des investissements supplémentaires dans les transports publics sont nécessaires pour qu’ils puissent rivaliser avec ceux de pays guides comme la Suisse ou l’Autriche en termes de fiabilité et de qualité. Ce n’est qu’à cette condition que nous pourrons offrir aux citoyens une alternative accessible et abordable à la voiture.

Chiffres européens

Depuis 1995, l’UE, la Norvège, la Suisse et le Royaume-Uni ont investi en moyenne 66 % de plus dans l’expansion et la reconstruction des routes que dans les chemins de fer. « Les pays ont investi 1 500 milliards d’euros dans les infrastructures routières, contre 930 milliards d’euros dans les infrastructures ferroviaires », explique M. Thijs. « Le réseau routier européen s’est allongé de 60 % depuis 1995, ce qui représente 30 000 kilomètres supplémentaires. Dans le même temps, le réseau ferroviaire a diminué de 6,5 %, soit 15 650 km, ce qui représente une baisse de plus de 10 % pour des pays comme la France ou l’Allemagne. Un voyage en train en Europe nécessite en moyenne 77 % d’émissions de gaz à effet de serre en moins que le même voyage en voiture (exprimé par passager et par kilomètre). Les transports représentent près d’un tiers des gaz à effet de serre émis dans l’UE. En 2019, le secteur européen des transports a émis 15 % de gaz à effet de serre de plus qu’en 1995. »

Changements

Greenpeace a un message clair pour les dirigeants européens. « Face à cette impasse politique qui dure depuis des décennies, nous appelons les dirigeants politiques européens à enfin déplacer la priorité des investissements de la route vers le rail », déclare Thijs. Des fonds supplémentaires devraient également permettre d’offrir des « tickets climat » abordables, à la fois pour les transports publics nationaux et les itinéraires européens. »

Auteur: Emma Dailey