Nouveau programme Botox de la SNCF pour accroître l’offre TGV
104 trains à grande vitesse français vont subir un lifting ! Dans le cadre de son engagement en faveur du développement durable, SNCF Voyageurs et sa division Matériel roulant lancent le programme Botox, afin d’optimiser l’utilisation et la durée de vie des trains existants. Il s’agit de rénover les trains à mi-vie ou en fin de vie pour prolonger leur durée de vie et lutter contre l’obsolescence, de recycler et de réutiliser les pièces détachées.
Dans le but de doubler la part du train dans le transport modal au cours de la prochaine décennie et de répondre à une demande croissante, SNCF Voyageurs lance le programme Botox pour prolonger la durée de vie des rames TGV. Ce programme vient s’ajouter aux actions déjà entreprises depuis plusieurs années, telles que la commande de 115 rames TGV INOUÏ 2025, le futur TGV de nouvelle génération (TGV M), l’augmentation du parc OUIGO de 38 à 50 rames, et l’optimisation de l’utilisation du matériel roulant.
Actuellement, le parc TGV compte 363 rames, contre 410 en juillet 2018. Cependant, le nombre de places TGV disponibles à la vente a augmenté de près de 10 % au cours des cinq dernières années, notamment grâce à l’introduction de rames à deux niveaux et à l’expansion de l’offre OUIGO avec des trains plus spacieux. Avec le programme Botox, TGV-INTERCITÉS et la Direction du Matériel lancent un nouveau projet pour renforcer l’offre TGV et répondre ainsi à la demande des clients.
104 rames TGV concernées
Ce nouveau programme concerne actuellement 104 rames TGV identifiées. Ces 104 rames éligibles feront l’objet d’une expertise d’ici la fin du premier trimestre 2024. Plusieurs critères sont pris en compte pour décider du sort de chaque rame, notamment l’état de la structure de la rame, de ses composants métalliques, du chaudron, des bogies, ainsi que des installations électriques.
En fonction de ces critères, les rames seront classées en trois catégories. Tout d’abord, celles en parfait état qui continueront à être en service, mais subiront des rénovations pour améliorer leur confort. Ensuite, celles qui nécessitent des opérations de fiabilisation et de rénovation plus importantes en raison de leur âge avancé.
Enfin, celles qui seront retirées de la circulation en raison de l’obsolescence de leurs pièces (composants électroniques ou état du châssis). Ces rames radiées serviront de réserves de pièces, car elles contiennent jusqu’à 3000 éléments potentiellement récupérables et réutilisables pour la réparation d’autres rames.
OpTER : rénovation à mi-vie des TER
SNCF Voyageurs collabore avec les Régions dans un vaste programme de rénovation et de modernisation concernant 40 % du parc TER en France. Après environ 20 ans de service, à mi-vie, ces trains doivent subir une révision complète et une rénovation afin de leur permettre de circuler à nouveau pendant 15 à 20 ans. Cette rénovation offre également l’opportunité d’améliorer l’efficacité énergétique des trains.
Cette opération de maintenance lourde implique la restauration quasi-complète de la rame, la ramenant presque à un état neuf. Les Régions ont également la possibilité d’apporter des améliorations esthétiques, de confort, d’accessibilité et de performances environnementales aux trains, ainsi que d’intégrer de nouvelles fonctionnalités liées au « train connecté », telles que les systèmes de comptage des voyageurs. Cette démarche de maintenance industrielle, réalisée dans 7 des 10 Technicentres Industriels de la SNCF, constitue une alternative à l’achat de matériel roulant neuf, optimisant ainsi l’utilisation des trains sur toute leur durée de vie.
Ce programme représente une commande de 2,1 milliards d’euros pour SNCF Voyageurs de la part de 13 clients, dont 12 Régions TER et les Chemins de Fer Luxembourgeois. SNCF Voyageurs prépare ce programme de rénovation à mi-vie sans précédent depuis 2018. Il concerne 40 % du parc TER, soit 931 rames de trains acquises entre 2004 et 2011, comprenant 699 rames AGC (Autorail Grande Capacité) et 232 rames TER 2N NG (TER 2 Niveaux Nouvelle Génération).
Une rénovation sur-mesure
Pour les rames en cours de rénovation, la durée de prolongation sera définie en fonction des expertises. Pour les rames prolongées de 2 à 4 ans, cela nécessitera 1 an d’études et de 2 semaines à 1 mois de travaux par rame. Ces premières rames rénovées seront en circulation début 2026 sur l’axe Atlantique. L’intérieur de ces rames sera rénové, y compris les sièges, les accoudoirs, les prises de courant et les ampoules LED, ainsi que la voiture bar et les sanitaires.
Pour les rames dont la prolongation atteindra 10 ans, il faudra prévoir 3 ans d’études avant de commencer les opérations de rénovation, d’une durée de 4 à 6 mois par rame. Le programme de prolongation de 10 ans débutera en 2026 et se terminera en 2033. Il comprendra une rénovation complète des aménagements intérieurs conformément au standard OCEANE LIKE, le design le plus récent des TGV INOUÏ.
Trois quarts des rames du programme Botox sont à un seul niveau, tandis qu’un quart est à deux niveaux. Seules les rames à deux niveaux bénéficieront d’une prolongation de vie de 10 ans. Le coût total de ces rénovations est estimé à plusieurs centaines de millions d’euros, entièrement financé par SNCF Voyageurs, car l’activité TGV ne bénéficie d’aucune subvention.
Réutilisation des pièces
Chaque année, des matériels ferroviaires en fin de vie, tels que les voitures Corail Intercités, les automoteurs Transilien, les autorails TER, les rames TGV et les anciennes locomotives diesel ou électriques de fret, sont retirés du service, démantelés et recyclés. Les pièces détachées en bon état sont récupérées pour être réutilisées sur les équipements en service, ce qui permet de réaliser des économies en matière de maintenance.
Parmi les 10 Technicentres Industriels de SNCF Voyageurs, 5 sont dédiés à la réparation des pièces détachées. Chaque année, 500 000 pièces de TGV sont ainsi réparées au lieu d’être remplacées par du neuf, ce qui représente une économie annuelle d’un demi-milliard d’euros. Dans le cadre de cette initiative, 19 rames (hors Botox) seront stationnées à Ambronay en tant que « magasin » d’ici 2025-2026, où des pièces seront récupérées et utilisées à partir de 2025 jusqu’en 2042. Plus de 3000 pièces peuvent être récupérées par rame, allant des accoudoirs aux sièges, en passant par des composants électroniques, des pièces mécaniques comme les bogies et des moteurs. Rien n’est laissé de côté, des petites aux grosses pièces.
La Direction du Matériel collabore avec des fournisseurs qualifiés pour le démontage et la dépollution des matériels, et plusieurs usines de démantèlement sont impliquées dans ce processus, dont 4 sont déjà opérationnelles et 3 en cours de construction. Entre 2018 et 2028, près de 12 000 caisses de matériels ferroviaires seront valorisées, grâce au réemploi de pièces et au recyclage des matériaux. En l’espace de 10 ans, cela équivaut au minimum à un cumul de 250 kilomètres de trains retirés du service.