Comment mitiger les risques d’inondation sur le réseau Belge?
La lutte contre le dérèglement climatique est l’un des défis majeurs du XXIe siècle. Des phénomènes climatiques extrêmes, comme des inondations ou des canicules, deviennent de plus en plus courants. Ceci oblige les gestionnaires d’infrastructure à s’adapter à cette nouvelle réalité. Que fait Infrabel pour mitiger les risques?
Dans le domaine des défis environnementaux, les fortes précipitations peuvent déclencher des inondations, perturber la circulation des trains et infliger des dommages importants à l’infrastructure ferroviaire, entraînant des mois de réparations coûteuses. Ces inondations peuvent également provoquer des glissements de terrain qui affectent souvent de vastes zones, nécessitant d’importants efforts d’ingénierie pour rétablir la sécurité ferroviaire.
La Belgique a subi l’impact dévastateur de ces catastrophes naturelles en juillet 2021, en particulier en Wallonie, où des inondations torrentielles ont coûté la vie à 39 personnes. De plus, les inondations ont ravagé l’infrastructure ferroviaire, causant la perte de 100 000 tonnes de ballast et la destruction de quatre ponts et de plusieurs kilomètres de voies ferrées. Cet épisode douloureux de l’histoire de la Belgique nous rappelle brutalement les conséquences du changement climatique.
Six mois plus tard, à la suite de la tempête Eunice, une série d’incidents se sont produits en Belgique. Ces événements météorologiques extrêmes ont incité Infrabel, le gestionnaire de l’infrastructure, à réévaluer cette nouvelle réalité et à s’y adapter, compte tenu de la nécessité de relever les défis posés par le changement climatique.
Renforcement des ponts et talus
Infrabel saisit l’occasion de ses chantiers pour améliorer et accroître la résilience de ses infrastructures face aux impacts du changement climatique. À Mont-Saint-Guibert, par exemple, les inondations survenues en juillet 2021 ont mis en évidence la vulnérabilité du talus qui soutient les voies de chemin de fer. Pour y remédier, Infrabel a entrepris le renforcement du talus sur plus de 600 mètres en déposant sur place pas moins de 15 000 tonnes de roches. Ces matériaux ont été agencés en forme d’escaliers afin de garantir une assise robuste aux voies.
Un exemple plus récent illustre cette approche proactive : le pont de Walzin, dont la pile centrale s’élève fièrement dans les eaux de la Lesse, a été récemment soumis à une opération de rénovation. Infrabel a saisi cette occasion pour ajouter une structure en béton armé à l’ouvrage existant, renforçant ainsi sa capacité à faire face aux crues potentiellement dévastatrices de la rivière.
Infrabel s’engage également dans une analyse approfondie de l’exposition de ses infrastructures aux effets du changement climatique. L’analyse prioritaire se concentre sur la stabilité des talus des voies en remblai face aux inondations et aux fortes pluies. Dans ce cadre, Infrabel cartographie les zones vulnérables en prenant en considération les scénarios climatiques à long terme.
Un éventail de mesures de prévention
En février 2022, à peine sept mois après les inondations, la tempête Eunice s’est abattue sur la Belgique, déchaînant des vents soufflant à 120 km/h. Cette tempête a engendré une série d’incidents, soulignant l’importance cruciale des mesures préventives maintenues par Infrabel depuis des années. Parmi celles-ci, on compte le nécessaire élagage des arbres trop élevés qui représentent une menace potentielle en tombant sur les voies, la mobilisation rapide des équipes « voies » et « caténaires » pour faire face aux urgences, ainsi que les appels et les actions de sensibilisation en direction des riverains du réseau ferroviaire pour les inciter à sécuriser les éléments de leur jardin tels que le mobilier, les serres et les trampolines qui pourraient être emportés par le vent.
Conscient de l’importance de prévoir les aléas climatiques, Infrabel et la SNCB ont conjointement élaboré des plans « fortes chaleurs », « automne » et « hiver ». Ces plans comprennent diverses mesures préventives visant à contrer les effets de certains événements météorologiques sur le trafic ferroviaire. Dans cette optique, Infrabel a investi, par exemple, dans l’amélioration de la ventilation dans les postes de signalisation, prévenant ainsi toute surchauffe des installations.
“En 2022, nous avons également développé un système de chauffage d’aiguillage « intelligent », c’est à dire piloté par des données météorologiques,” explique une porte-parole d’Infrabel. Infrabel économise l’énergie grâce à un système ingénieux pour le chauffage d’aiguillages. Des relevés météorologiques internes sont utilisés avec un algorithme intelligent pour déterminer le réglage optimal, aboutissant à des économies significatives d’énergie. En une semaine, l’entreprise a économisé 3,2 GWh, soit près de 500 000 euros. Ce système prometteur offre des perspectives d’économies futures.
Infrabel mise sur le « Internet of things »
“Parallèlement aux mesures préventives, nous avons lancé une réflexion sur la contribution du «Internet of things» dans la stratégie d’adaptation au changement climatique. Dans ce cadre, un monitoring de la condition des assets est important. Nos équipes ICT ont initié, en 2021, les tests de diverses applications de monitoring à distance, via un réseau mobile propre, de certains assets critiques,” explique une porte-parole d’Infrabel.
Un exemple se trouve à la sortie du tunnel du « Diabolo » emprunté par les voyageurs se rendant à Brussels Airport depuis Anvers. Un réservoir couplé à trois énormes pompes gère les eaux de pluie en les renvoyant vers le réseau d’égouttage. Toutefois, des précipitations atmosphériques extrêmes ont souligné la nécessité de détecter d’éventuelles anomalies. Pour prévenir tout dysfonctionnement de ces pompes pouvant entraîner des inondations en sortie du tunnel et nuire au trafic ou endommager l’infrastructure, elles sont désormais équipées d’un système de surveillance en temps réel, agissant comme un « chien de garde ».
À proximité, un second dispositif connecté, indépendant mais complémentaire, joue également un rôle crucial. Connecté à une sonde enterrée dans le sol, il informe les équipes techniques du degré d’humidité du sol, permettant ainsi de savoir si le sol peut absorber de fortes pluies ou s’il est déjà saturé d’eau. Cette information détermine le degré de sollicitation des pompes. Ce dispositif d’alerte prend également en compte le vent, grâce à des boîtiers connectés fixés magnétiquement sur des portiques caténaires. Équipés d’un accéléromètre, ils détectent tout mouvement anormal des portiques sous l’effet des rafales, permettant d’identifier à distance toute faiblesse structurelle susceptible de provoquer des dommages.
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