Comment la SNCF mitige- t-elle les effets de la canicule sur les rails?
La lutte contre le dérèglement climatique est l’un des défis majeurs du XXIe siècle. Des phénomènes climatiques extrêmes, comme des canicules, ou des inondations deviennent de plus en plus courants. Ceci oblige les gestionnaires d’infrastructure à s’adapter à cette nouvelle réalité. Que fait la SNCF pour mitiger les impacts des canicules?
Le réseau ferré est par nature exposé à tous les aléas météorologiques. Aussi, de par ses règles de conception, la voie est intrinsèquement résiliente vis-à-vis d’une augmentation extrême des températures : des TGV circulent bien dans des pays au climat plus chaud qu’en Europe, comme le Maroc par exemple.
Cependant, des rails en plein soleil peuvent être jusqu’à 20°C plus chauds que la température de l’air. Ainsi, la température des rails peut atteindre 60°C lorsque la température de l’air approche les 40°C. Comme les rails sont en acier, ils peuvent se dilater à mesure qu’ils deviennent plus chauds et peuvent commencer à se courber – c’est ce qu’on appelle le « flambage ». Il y a aussi un risque de détente du fil caténaire, qui doit être parfaitement rectiligne pour fonctionner correctement. Enfin, les incendies aux abords des voies, ou « feux de talus » sont un autre risque lié à la chaleur, et la sécheresse.
Actions préventives et surveillance
SNCF Réseau met en œuvre des mesures préventives pour se préparer au mieux en vue de la saison chaude et garantir en toute sécurité toutes les circulations prévues. Avant l’été, des inspections spécifiques sont réalisées : les agents en charge de l’entretien et des travaux identifient les interventions nécessaires pour que les installations puissent supporter les températures élevées. Tout au long de l’année, SNCF Réseau prend des initiatives pour contrôler la végétation le long des voies et des pistes ferroviaires, contribuant ainsi à réduire les risques d’incendie ou de chute d’arbres à proximité des voies.
Tout au long de l’année, été comme hiver, le réseau fait l’objet d’une étroite surveillance et d’un entretien régulier en continu. Des inspections spécifiques réalisées par des équipes de maintenance sont mises en place pour surveiller le bon fonctionnement de l’infrastructure et anticiper tout incident éventuel. En cas de dysfonctionnement des installations, les agents sont prêts à intervenir et à prendre les mesures de sécurité appropriées.
En France, les voies sont posées et entretenues en tenant compte de marges de sécurité qui ont été augmentées après la canicule de 2003 et qui dépassent largement la température maximale jamais enregistrée à ce jour en France (64,7°C en 2019 aux environs de Nîmes). Au fur et à mesure de sa modernisation, le réseau intègre de nouvelles règles de conception qui le rendent plus résistant.
Nouvelles méthodes plus résilientes
« Les longs rails soudés qui sont posés actuellement, par exemple, absorbent les contraintes liées aux températures élevées et ils sont notamment fixés aux traverses et calés par un ballast en quantité calculée afin que l’ensemble ne se déforme pas. Des évolutions technologiques sur les caténaires et des actions sur leur réglage permettent également de réduire leur risque de détente. Les lignes qui n’incluent pas de longs rails soudés font l’objet d’une maintenance spécifique supplémentaire, » explique une porte-parole du group SNCF.
« Au même titre que les composants de l’infrastructure, la plateforme de la voie est contrôlée régulièrement. La pression exercée par la dilatation des rails sur les ouvrages d’art et les mouvements éventuels de rétractation des remblais en cas de sécheresse prolongée font ainsi l’objet d’un suivi millimétré par des capteurs capables d’indiquer d’éventuels désordres. SNCF Réseau et ses partenaires poursuivent d’ailleurs leurs recherches sur les matériaux et sur les méthodes de maintenance afin de maîtriser les effets des fortes chaleurs. En tous les cas, si les normes de températures sont dépassées, SNCF Réseau peut être amené à limiter la vitesse des trains voire, dans des cas extrêmes, à arrêter le trafic. C’est aussi applicable en cas de feu de végétation trop proche des voies. L’arbitrage se fait toujours en faveur de la sécurité, même au détriment de la qualité de service, » continue t-elle.
Plan canicule
En cas de forte chaleur, SNCF Réseau met en œuvre un plan canicule. Depuis 2021, l’entreprise utilise un outil de prédiction appelé Metigate qui fournit les prévisions de température du rail (minimum et maximum) pour les 13 prochains jours, ainsi que les prévisions de température de l’air pour les 3 prochains jours. Ces informations sont disponibles sur près de 180 sites couvrant l’ensemble du réseau national. Grâce à Metigate, la prédiction des températures du rail ne se base plus uniquement sur les prévisions de la température de l’air ; en intégrant des facteurs météorologiques tels que la nébulosité, l’ensoleillement, l’humidité, etc., les prédictions sont plus précises.
SNCF Réseau utilise ces prévisions pour organiser et adapter la surveillance pendant la saison chaude et les éventuelles périodes caniculaires. En cas de canicule, la vitesse des trains peut être réduite par mesure de précaution. Cela permet d’assurer la circulation d’un maximum de trains, de garantir la sécurité des voyageurs et de prévenir tout autre risque éventuel.
Enfin, « SNCF Réseau est attaché à la préservation de bonnes conditions de travail pour ses équipes et celles de ses partenaires industriels, avec une surveillance particulière des effets des fortes chaleurs sur les organismes. Les conditions de réalisation des opérations de maintenance sont ainsi adaptées pendant la période chaude : les travaux non indispensables peuvent être suspendus, décalés ou réalisés de nuit pour éviter au maximum que des agents aient à travailler en extérieur aux heures les plus chaudes de la journée. Certains travaux peuvent aussi être reportés s’ils risquent de fragiliser les voies déjà soumises à des tensions dues aux températures élevées, » conclue la porte parole.
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