Manifestations violentes contre la liaison Lyon-Turin
Environ 2.000 manifestants se sont rassemblés dans la vallée de la Maurienne en Savoie pour protester contre la construction d’une liaison ferroviaire comprenant un tunnel sous les Alpes, entre Lyon et Turin. Douze policiers ont été blessés lorsque la démonstration contre les dégâts environnementaux et le coût élevé du projet, a dégénéré en violence, samedi 17 juin 2023.
La ‘mobilisation générale contre le Lyon-Turin’ à été organisée par l’association Les Soulevements de la Terre, “pour la défense de l’eau.” Selon leur site-web, “des dizaines de sources drainées par les machines ont tari ou perdu du débit, des nappes phréatiques ont été percées, 1500 hectares de terres agricoles seront artificialisées,” suite à la construction du tunnel ferroviaire.
L’organisation critique aussi le “non sens absolu de ce projet,” présentant comme argument que “Bien que le transport de marchandises stagne depuis 1994, que la ligne existante ne soit utilisée qu’à 20% de sa capacité de fret, TELT envisage de creuser 11 tunnels, dont le plus grand d’Europe, le «Tunnel de Base» de 57 kilomètres. Et tout cela pour faire gagner aux voyageur.se.s et aux marchandises seulement 1h25 entre Paris et Milan. Une façon simple de s’assurer des décennies de chantiers juteux, propulsés par plus de 30 milliards d’argent public.”
Escalation violente
Suite à l’appel à la manifestation pour le 16 au 18 juin 2023 par Les Soulevements de la Terre, le préfet de la Savoie, François Ravier, a interdit toute manifestation ou rassemblement sur la voie publique du vendredi 16 juin au dimanche 18 juin 2023 dans neuf communes de Maurienne, “Afin d’assurer la sécurité des personnes et des biens,” selon un communiqué de press, car l’arrivée attendue de 3000 manifestants dont 400 radicaux a été jugé “susceptible de provoquer de graves troubles à l’ordre public.”
Malgré ceci, le rassemblement a quand même eu lieu, regroupant environ 2.000 personnes. 2.000 policiers et gendarmes ont procédé à des contrôles, confisquant à certains manifestants leurs armes, dont des marteaux, couteaux, et bonbonnes de gaz. Les contrôles d’identité ont aussi permis à la police de détourner une cinquantaine des personnes interdites d’entrée sur le territoire français, les refoulant vers l’Italie. Cinq bus de manifestants ont aussi été bloqués à la frontière italienne. L’autoroute A42 à aussi été bloquée suite à une intrusion sur la voie par les manifestants.
La manifestation a débuté vers 12:30 en dehors de la zone d’interdiction de manifestation. Les manifestants ont été bloqués par des barrages de gendarmes et ont tenté de négocier un passage, ce qui a mené à la création d’un black bloc vers 15 heures. Ces 300 personnes ont commencé à jeter des pierres sur la police anti-émeute, qui a répondu par des gaz lacrymogènes, et un manifestant a été blessé, a déclaré le préfet local François Ravier lors d’une conférence de presse.
En tout, douze policiers ont été blessés samedi selon le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. L’association Les Soulevements de la Terre a contesté ce chiffre dans un message sur Twitter samedi en fin de journée et a déclaré que 50 manifestants avaient été blessés, dont six ont été hospitalisés.
📹 Conférence de presse du préfet de la Savoie, François Ravier, à 18h30 à la sous-préfecture de Saint-Jean-de-Maurienne ⤵️ pic.twitter.com/TXkYmgzpCW
— Préfet de la Savoie 🇨🇵🇪🇺 (@Prefet73) June 17, 2023
Un projet controversé
Ce n’est pas la première fois que ce projet Alpin provoque de la controverse. En Janvier 2023, plus de 150 personnalités françaises ont signé une lettre demandant l’arrêt de la construction du tunnel ferroviaire Turin-Lyon et la réorientation des investissements vers des trains et des lignes existants. La lettre a été publiée dans Reporterre, un média français indépendant, le 20 décembre. Parmi les signataires figurent les maires de Lyon et de Grenoble, ainsi que des membres du Parlement européen.
En avril 2023, ce sont 37 anciens parlementaires et responsables de collectivités locales de Rhône-Alpes et du sud de la France qui ont fait part de leurs inquiétudes à l’égard de ce projet. « Le Premier ministre prend le risque d’avoir un tunnel sans trains et condamne un transfert modal massif de la route vers le rail », indique la lettre. Le risque souligné par la lettre concerne les retards dans la construction des voies d’accès au tunnel pour Lyon, qui créaient donc aussi le risque de perdre le financement de la part de l’Union européenne.
Enfin, la France pourrait reporter le projet de modernisation du tronçon reliant Dax au « Y basque » jusqu’en 2042, mais M. Sacchi et la Commission européenne pensent qu’il serait faisable et bénéfique de l’achever d’ici 2030. Comme l’a indiqué l’agence de presse espagnole EuropaPress en mai 2023, M. Sacchi est assez critique à l’égard du projet français de se concentrer plutôt sur la section ferroviaire de Toulouse.
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