La CER réclame une protection contre la hausse des prix de l’électricité
Dans une lettre ouverte envoyée vendredi dernier par la Communauté des entreprises ferroviaires et d’infrastructure européennes (CER) à la Commission européenne, les PDG européens du secteur ferroviaire ont demandé de nouvelles mesures extraordinaires pour sauvegarder le rail en tant qu’épine dorsale de la mobilité et du transport durables dans l’UE.
Dans la plupart des pays européens, les chemins de fer sont l’un des plus gros consommateurs d’électricité, puisque 80 % des trains-kilomètres fonctionnent à l’énergie électrique, dont une part croissante provient de sources renouvelables.
Les chemins de fer sont donc fortement touchés par la hausse actuelle des prix de l’énergie et voient leur viabilité financière menacée malgré leur très grande efficacité énergétique.
Selon une enquête menée auprès des membres de la CER sur les prix de l’électricité, les entreprises ferroviaires européennes devront payer jusqu’à 420€ par MWh en 2022. En moyenne, le prix de l’électricité a au moins triplé par rapport à 2021, plusieurs pays connaissant une multiplication par 10.
Quant à 2023, de nombreux contrats énergétiques doivent être renégociés et le prix prévu dépasse dans certains cas les 500€/MWh. Par conséquent, les coûts ferroviaires continuent d’augmenter de manière significative.
Il est évident que les chemins de fer, en tant qu’épine dorsale de la mobilité et du transport durables dans l’UE, sont en péril et que les modes de transport dépendant des combustibles fossiles gagnent actuellement un avantage concurrentiel sur les modes de transport plus durables, basés sur l’électricité, tels que les chemins de fer, ce qui rend la transition verte de l’UE impossible à réaliser.
Dans cette situation difficile, les chemins de fer européens ont besoin de soutien afin de garantir que l’objectif d’un secteur européen des transports et de la mobilité décarboné reste réalisable. La CER a donc proposé les mesures suivantes :
- Permettre au rail de bénéficier des recettes excédentaires découlant de l’application du règlement 2022/1854 du Conseil.
- Permettre aux États membres de soutenir les entreprises ferroviaires en réduisant, supprimant ou reportant le paiement des redevances d’accès aux voies. Une façon d’y parvenir pourrait être de prolonger le règlement 2020/1429 du Conseil jusqu’au 31 décembre 2024.
- Inclure les chemins de fer dans une boîte à outils stratégique pour les économies d’énergie. Les consommateurs d’électricité économes en énergie, comme le rail, qui s’engagent à diminuer leur consommation d’énergie sans réduire les services de transport, devraient bénéficier d’un traitement spécial lorsqu’ils sont concernés par les mesures de réduction de la consommation d’énergie prévues par le règlement 2022/1854 du Conseil relatif à une intervention d’urgence destinée à faire face aux prix élevés de l’énergie.
- Garantir des aides d’État suffisantes pour le rail. Les seuils fixés dans le cadre temporaire de crise pour les aides d’État dans le contexte de la guerre en Ukraine sont inadéquats pour le rail, car les coûts supplémentaires pour les chemins de fer sont beaucoup plus élevés, certaines compagnies ferroviaires prévoyant jusqu’à 2 milliards d’euros de coûts annuels supplémentaires.
Le directeur exécutif de la CER, Alberto Mazzola, a déclaré : « Nous demandons à la Commission d’aider le secteur par des mesures concrètes et nécessaires. Les États membres doivent être autorisés à réduire, supprimer ou reporter le paiement des redevances d’accès aux voies et à adopter une approche globale en introduisant des objectifs de réduction de la demande. Le secteur, qui s’engage à réaliser des économies d’énergie, doit être prioritaire au même titre que les autres services d’intérêt économique général en matière de consommation d’énergie. Il convient de garantir des aides d’État suffisantes pour les chemins de fer et de faire du rail un bénéficiaire des recettes excédentaires afin de réduire le coût unitaire de l’électricité ferroviaire. »