Le « train eau chaude » pour se passer des herbicides
Infrabel s’est inspiré d’un projet suisse pour concevoir un train destiné à éliminer la végétation à l’aide d’eau chaude, et non plus d’herbicides.
En Belgique, comme sur d’autres réseaux ferroviaires européens, les herbicides restent « un mal nécessaire » pour contenir la végétation dans les voies. Infrabel bénéficie de dérogations octroyées par les Régions pour pouvoir utiliser des herbicides durant des périodes limitées et potentiellement renouvelables.
Mais cela devient incompatible avec la nécessité d’exploiter le réseau ferroviaire de manière plus durable.
Entretenir le réseau
Dans les voies accessoires, comme les gares de triage, un plan d’actions vise à diviser par 2 les surfaces traitées d’ici fin 2023. Cela se fait en recourant à la fauche, au sarclage ou encore à l’arrachage… Ces techniques mécaniques ne sont malheureusement pas généralisables car, outre le budget exorbitant que cela exigerait à l’échelle du réseau, elles prendraient un temps considérable et nuiraient fortement à la fluidité du trafic.
Afin d’éviter d’une manière structurelle la croissance des mauvaises herbes sur les pistes de sécurité (pour la circulation du personnel), Infrabel intègre également des aménagements préventifs (béton, asphalte, sable-laitier) lors des travaux de renouvellement.
Dans le petit monde des gestionnaires d’infrastructure ferroviaire européens, chacun tente des alternatives aux herbicides. Depuis 2019, Infrabel suit un plan de réduction de pesticides, dont l’objectif est de désherber les voies principales et accessoires d’une manière alternative ou préventive.
Une technologie innovante
La Suisse avait été la première à tester un train conçu pour éliminer la végétation à l’aide d’eau chaude. Infrabel s’est donc inspiré de ce prototype et a développé sa propre technologie innovante.
Le train eau chaude made in Belgium, qui termine sa deuxième saison de tests après quelques essais limités à l’automne dernier, est long de 180m. Il se compose de 2 locomotives encadrant 5 wagons. Trois d’entre eux sont des citernes, bien isolées, qui contiennent 3 x 50 .000 litres d’eau portée à 90°C.
Sur les 2 autres wagons, on trouve le dispositif de chauffe, un groupe électrogène et des ordinateurs qui pilotent le système de déversement : 2 buses sont situées de part et d’autre des citernes pour traiter les pistes de sécurité latérales ; 4 autres se trouvent sous les citernes pour traiter spécifiquement le ballast.
(photo Infrabel)
Dans sa configuration actuelle, le « train H2O » circule à une vitesse de 20km/h, suffisante pour ne pas gêner le trafic des trains. A raison de 3 à 6m³/km d’eau chaude déversés, il est à même de plusieurs dizaines de kilomètres par jour.
Dans certaines zones, notamment celles ou la biodiversité est particulièrement riche aux abords des voies, il n’asperge que le ballast. A raison de 3 à 4 passages par an, (contre 2 lorsque l’on emploie des herbicides) l’usage d’eau chaude pourrait suffisamment ralentir la croissance de la végétation.
Ces premiers tests sont encourageants et seront prolongés, dans les 2 à 3 prochaines années, principalement sur une partie de l’axe Anvers-frontière allemande. Le temps aussi que ce train-prototype devienne écologiquement plus performant.
Dans le futur, l’eau sera chauffée à l’aide de pellets ou d’une pompe à chaleur, avant le départ du train. Un dispositif informatique de détection de la végétation, recourant à l’intelligence artificielle, actionnera les pompes de façon autonome afin de réduire les quantités d’eau utilisées.
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