Le rail belge reçoit 250 millions d’euros supplémentaires
Le gouvernement belge a décidé la semaine dernière d’investir un milliard d’euros supplémentaires au cours des trois prochaines années dans diverses matières, et un quart de cette somme ira pour les seuls chemins de fer. Ces mesures viennent s’ajouter aux 1,25 milliard d’euros d’investissements fédéraux réalisés dans le cadre du plan de relance européen.
L’accord budgétaire prévoit 26 projets d’investissements dont le chemin de fer belge, qui se voit octroyer près de 250 millions d’euros. Ces montants sont à rajouter aux 365 millions d’euros mobilisés dans le cadre du plan de relance européen, soit un total de 615 millions d’euros. Ceci sans compter les compensations Covid importantes, en raison d’une chute drastique des ventes de la SNCB alors que l’offre est restée quasi à son maximum.
Priorité aux infrastructures
Les détails de la répartition de cette manne au sein des deux entreprises ferroviaires belges, SNCB et Infrabel, ne sont pas encore réellement finalisés. Mais on peut déjà dire que l’infrastructure semble plutôt bien récompensée. Et on sait qu’il ne peut y avoir de bons services de trains sans de bonnes infrastructures.
Près de 181 millions d’euros seront ainsi destinés au développement du transport de marchandises, ce qu’il faut traduire par des investissements en infrastructures industrielles, comme les raccordements vers certaines entreprises ou des mesures prises pour allonger certaines voies afin d’accepter les trains de 750m. Les zones portuaires sont amenées à bénéficier d’améliorations importantes de l’infrastructure, que ce soit au sein de la zone North Sea Port ou dans celle de Zeebrugge.
Bruxelles-Luxembourg
Une partie de l’enveloppe doit aussi aller sur « l’axe 3 », un terme qui ne dira rien à personne. Les « axes » ferroviaires ont ainsi été définis dans les années 90 dans des documents de l’État, afin d’éclaircir les investissements nécessaires axe par axe, et non plus globalement. L’axe 3 est constitué en réalité des lignes L161 et L162 reliant Bruxelles à Luxembourg. Cet axe va recevoir un montant spécifique et bienvenu de 42 millions d’euros, en dehors des budgets prévus pour le RER Bruxelles-Ottignies, qui est un autre projet du même axe.
L’axe 3 a une longueur totale de 226 km et passe par Namur, Libramont et Arlon. Son tracé est sinueux et comporte plus de 150 courbes sur le seul territoire belge. Cette sinuosité explique la vitesse de référence relativement basse (130 km/h), et la présence de nombreuses zones de circulation à vitesse réduite. A l’initiative des gouvernements belge et luxembourgeois, d’importants travaux de modernisation ont été entamés dès 2007, en ce compris une future conversion de la caténaire 3kV en courant alternatif 25kV. D’autres travaux concernent la signalisation avec l’adaptation des blocs automatiques pour réaliser les distances d’avertissement nécessaires pour une vitesse de référence de 160 km/h.
Très chère électricité
Un bémol vient cependant ternir ces bons chiffres d’investissements : les prix de l’énergie. Pour la SNCB, premier consommateur d’électricité du pays, le budget initial électrique de sa facture électrique était de 100 millions d’euros. Il pourrait voir sa facture énergétique augmenter de 14 millions d’euros pour 2021 et de 20 millions d’euros pour 2022, soit une surcharge de 34 millions d’euros.
2 millions pour les trains de nuit
Dans le plan, on trouve aussi deux millions d’euros qui seront dégagés pour encourager de nouveaux prestataires à se lancer dans les trains de nuit. Ce secteur très particulier ne couvre pas toujours ses coûts mais l’opérateur autrichien ÖBB a pu démontrer qu’avec un certain modèle économique, il était possible d’instaurer des services de trains de nuit de qualité. Cependant, certains subsides sont nécessaires comme l’ont fait les hollandais sur quatre ans dans le cadre du train de nuit Vienne-Amsterdam (subsidié sur le territoire néerlandais à hauteur de 6,4 millions d’euros). Les trains de nuit sont un des instruments permettant d’atteindre les objectifs climatiques de la Belgique, et donc de l’Europe.