Pays-Bas : Prorail s’attaque aux passages à niveau non gardés

Les Pays-Bas connaissent eux aussi un fléau d’accidents aux passages à niveau, tout particulièrement ceux sans barrières. Le gestionnaire d’infrastructure Prorail a décidé, avec l’État, de s’y attaquer de manière radicale avec deux programmes lancés en parallèle en 2018. Où en est-on?

Il y a comme partout ailleurs deux types essentiels de passages à niveau: ceux qui sont gardés par barrières automatiques et ceux qui n’en ont pas. Ces derniers, appelés NABO (Niet Actief Beveiligde Overwegen – Passage à niveau non gardé), étaient encore récemment au nombre de 277 unités sur le réseau néerlandais. Ces NABO sont parfois essentiels pour les agriculteurs et certains ayants droit, mais sont de véritables nœuds insécurisants.

Plus de 40 accidents surviennent chaque année aux passages à niveau. Un tiers d’entre eux ont une issue fatale. Cette année, déjà 7 personnes sont décédées sur des passages à niveau aux Pays-Bas, dont 3 sur des passages à niveau avec barrières automatiques et 4 sur des passages à niveau sans barrières automatiques. Le 7 mars dernier, une collision entre un train de marchandises et une camionnette de livraison tuait un jeune conducteur de 21 ans. ProRail a immédiatement demandé à la municipalité de Borne de fermer ce passage à niveau non gardé, ce qui fut rapidement exécuté.

Le NABO de Borne n’est qu’un des 75 NABO déjà fermés dans le cadre d’un programme de suppression ou transformation avant 2028 de tous les NABO sur lignes de voyageurs. Les NABO seront soit protégés (33%), soit transformés en passages souterrain (16%), soit carrément supprimés (47%) ou rendus inaccessibles au public (4%).

Il existe deux types différents de NABO : public et non public. Le gestionnaire ferroviaire ProRail ne peut jamais prendre de décision unilatérale sur les deux types, ce qui engendre des difficultés et des temps longs à résoudre un problème. Cependant, si ProRail conclut qu’un passage à niveau est trop dangereux, il place des blocs de béton ou des clôtures devant celui-ci, jusqu’à ce qu’une solution définitive soit trouvée.

Dans le cas d’un passage à niveau public, c’est le gestionnaire de voirie qui décide si le passage à niveau sera fermé ou modifié. Dans la plupart des cas, il s’agit des communes, lesquelles doivent trouver un délicat consensus entre la sécurité de tous et les facilités de circulation des citoyens locaux. Un passage à niveau éliminé peut parfois isoler la moitié d’une commune ou plusieurs agriculteurs. La fermeture ou l’aménagement d’un passage à niveau non public n’est possible qu’avec l’autorisation expresse du ou des ayants droit. Dans l’Est du pays, certaines fermes ont ainsi quasiment un NABO privé, leur seul accès. Il est alors très difficile d’obtenir une suppression et encore plus coûteux de devoir payer un chemin de déviation.

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Protéger les promeneurs

Comme le montre la photo ci-dessus, certaines lignes ferroviaires de l’Est du pays, non électrifiées et à voie unique, pourrait laisser penser qu’il n’y a que quelques trains par jour. Une erreur car, aux Pays-Bas, beaucoup de petites lignes rurales sont cadencées à la demi-heure et supporte donc un trafic intense.

À Diepenveen par exemple (Deventer), il y avait deux NABO sur une distance d’un kilomètre. Ils sont particulièrement prisés par les randonneurs et les visiteurs du domaine Nieuw Rande, rendant ce tronçon ferroviaire très insécurisant. Plusieurs années ont du être nécessaires pour arriver à une solution de fermeture de l’un des deux NABO et trouver une formule locale en détournant l’ancien Kerkepad. La municipalité y élargit les accotements pour la sécurité des promeneurs.

Ce n’est qu’un des nombreux exemples de défis auxquels est confronté Prorail, qui a la responsabilité de la sécurité du trafic ferroviaire néerlandais. L’ancienne secrétaire d’État du gouvernement sortant, Stientje Van Veldhoven, avait promis que le ministère des Infrastructures enverrait un projet de loi à la Chambre des représentants après l’été garantissant que ProRail serait autorisé à fermer les passages à niveau plus rapidement. Pour la fin 2021, Prorail espère avoir réglé le sort d’une centaine de NABO.

Des caméras pour délivrer des amendes

L’autre programme consiste à améliorer les passages à niveau gardés par barrières automatiques. Intitulé LVO (Landelijk Verbeterprogramma Overwegen), il vise à améliorer les passages à niveau dans l’ensemble des Pays-Bas, par exemple en optimisant les périodes de fermeture (le temps pendant lequel un passage à niveau est fermé), en influençant le comportement des voyageurs, en rendant les passages à niveau plus visibles ou en offrant une issue sûre aux personnes coincées entre des barrières fermées.

En 2018, Prorail avait lancé un projet pilote avec des caméras intelligentes à deux passages à niveau dans la ville d’Hilversum pour faciliter l’imposition d’amendes en cas de mauvaise conduite aux passages à niveau. Les caméras sont capables d’observer les comportements déviants, tels que la négation des feux rouges, un comportement de slalom ou un contournement de demi-barrières fermées. Près de 80% des amendes ont été infligées pour négation de feux rouges.

Des mesures indispensables pour accroître la sécurité à la fois du réseau ferroviaire et des citoyens non utilisateurs du train.

Auteur: Frédéric de Kemmeter