Rester en file sur un passage à niveau va désormais coûter très cher

Rester sur un passage à niveau à cause d’une file de voitures sera plus sévèrement sanctionné à partir du 1er août. Le degré d’infraction monte en effet de 1 à 2 selon une décision prise en mai dernier par la commission Mobilité de la Chambre. L’amende variera de 160 à 2 000€.

En Belgique, la loi du 16 mars 1968 relative à la police de la circulation routière classe en quatre degrés les infractions contenues dans le Code de la Route. Ce classement par degrés permet de connaître les sanctions prévues pour chaque infraction.  Parmi les infractions figurent la traversée d’un passage à niveau fermé.

Le constat est là : un accident sur passage à niveau est enregistré pratiquement chaque semaine par le gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire belge. D’après les chiffres d’Infrabel, en Belgique, un accident sur deux aux passages à niveau est causé par la négligence des usagers de la route, qui slaloment entre les barrières fermées.  « En 2020, neuf personnes sont décédées lors d’accidents aux passages à niveau et quatre personnes ont été gravement blessées en raison de comportements dangereux », déplore la porte-parole Jessica Nibelle. Cela entraîne chaque année des milliers de minutes de retard avec souvent des trains supprimés pendant les heures suivant chaque accident. Ce qui engendre un désordre sérieux dans l’exploitation des trains.

Le gestionnaire d’infrastructure n’a pourtant ménagé sa peine pour résoudre la problématique. Une partie des 1 700 passages à niveau sont appelés à disparaître dans l’avenir, mais le sujet est sensible au niveau communal car dans certains cas, on se retrouverait avec des villages ou quartiers coupés en deux.

Un programme de sécurisation

D’un autre côté, Infrabel a déjà mis en œuvre un plan de sécurisation. Depuis septembre 2014, de nouvelles sonneries ont été installées sur tous les passages à niveau du réseau belge. L’ancienne sonnerie mécanique a fait place à une nouvelle sonnerie électronique au son «pulsé ou oscillant», appelée « sonnerie discontinue ». Une première sécurisation qui n’a manifestement pas suffit.

En septembre 2019, une opération de contrôle à Wavre permettait à la police d’interpeller en seulement deux heures et demie 19 personnes en train de traverser un passage à niveau fermé, parmi lesquelles figurait un chauffeur de bus scolaire. Le comportement des automobilistes qui ne supportent plus d’attendre trois-quatre minutes était qualifié « d’inquiétant ».

En septembre 2020, Infrabel présentait à Ottignies une « warning box » utilisé davantage comme un outil de sensibilisation et de communication. Ce projet pilote permettait de définir la période à partir de laquelle il faut désactiver la « Warning Box » pour éviter un phénomène de routine, les usagers ne prêtant plus attention au déclenchement de l’alarme.

Sévir malgré tout

Mais après la sensibilisation, place à la répression. Ainsi en juin dernier, à Termonde, un passage à niveau a été désormais équipé de radars. En cas d’infraction, la sanction est encore plus lourde puisqu’elle est de quatrième  degré : de 320 à 4 000€ et une interdiction de conduire de 8 jours à 5 ans. Infrabel explique que «c’est une première sur le réseau ferroviaire belge : des caméras ANPR relèvent les plaques des voitures qui commettent une infraction. Les automobilistes qui s’y engagent alors que le feu est rouge ou, pire, ceux qui slaloment entre les barrières seront désormais poursuivis.» Il faut dire que le site de Termonde, surveillé pendant 19 jours, avait enregistré près 45 infractions quotidiennes !

Infrabel s’est donc déclaré satisfait de cette nouvelle réglementation qui entre en vigueur dès ce 1er août 2021 : « on espère que la nouvelle loi, plus stricte, incitera tous les conducteurs à rouler plus prudemment et que les contrevenants seront poursuivis. »

Auteur: Frédéric de Kemmeter