INTERVIEW

Derrière les boulons intelligents de Vossloh et StrainLabs

Smart bolts by Strainlabs

Les boulons intelligents avec un capteur intégré pour la surveillance à distance, développés par la start-up suédoise Strainlabs, sont l’un des premiers produits de l’Internet des objets (IoT) à pouvoir être surveillés sur la plateforme Vossloh connect. RailTech discute de la plateforme « Vossloh connect » et des implications de l’IdO et de la numérisation pour le secteur ferroviaire avec Pierre-Henri Bougeant, responsable de la numérisation chez Vossloh.

Vossloh a considéré les boulons comme des candidats de choix pour la numérisation car il s’agit de composants standard utilisés dans diverses applications. En outre, « les boulons sont un élément important de l’équipement en termes de sécurité, c’est pourquoi il était important pour nous, chez Vossloh, de disposer d’une solution spécifique aux boulons », explique M. Bougeant.

Pierre-Henri Bougeant, Head of Digitalisation at Vossloh.
Pierre-Henri Bougeant, responsable de la numérisation chez Vossloh.

Il est essentiel de garantir la sécurité des boulons, car les structures sont confrontées à de nombreux défis, tels que des conditions météorologiques extrêmes, des charges dynamiques et des vibrations. Les recherches de Strainlabs ont également démontré que la maintenance des boulons pour les applications critiques en matière de sécurité consommait jusqu’à 40 % du temps d’une équipe de maintenance. Les boulons ont donc été identifiés comme une cible privilégiée pour la numérisation.

Grâce à ces boulons intelligents, « on peut surveiller l’intégrité de l’infrastructure ferroviaire avec une précision inégalée, en recueillant des données en temps réel sur les contraintes et les déformations subies par les composants essentiels. Cela permet une maintenance proactive et améliore la fiabilité globale du système ferroviaire », explique M. Bougeant. Cela est rendu possible par la connexion entre les boulons Strainlabs et Vossloh connect, une plateforme basée sur le cloud « comme l’App Store ».

Vossloh connect vise à simplifier la mise en œuvre de nouvelles technologies et à offrir aux clients une vue d’ensemble de leur infrastructure, tout en fournissant des solutions sur mesure aux problèmes spécifiques des clients. Grâce à un partenariat entre les deux entreprises, les clients de Vossloh peuvent surveiller les boulons Strainlabs sur la plateforme Vossloh connect. Strainlabs produit des boulons de différentes tailles, de M10 à M27. « Ces tailles devraient couvrir la plupart des besoins que nous avons actuellement », affirme M. Bougeant.

Different sized bolts (Photo: Vossloh)
La gamme standard de boulons Strainlabs comprend les tailles M10-MM27 (Photo : Vossloh)

Mise au point de la plate-forme « Vossloh connect

Pour M. Bougeant, le véritable test consiste à traduire les innovations liées à l’IdO, à l’IA et à l’apprentissage automatique en produits pratiques et utilisables. Il note également que, bien que beaucoup se lancent dans des projets pilotes « motivés par des mots à la mode comme IA, LIDAR et apprentissage automatique », le succès dépend souvent de la recherche d’un objectif significatif dans les processus des clients : « Je dirais que tout le monde peut trouver un moyen de trouver les données. Mais soutenir nos clients dans leur processus : c’est la partie la plus difficile. »

Avec cette plateforme, Vossloh vise à relever certains des défis auxquels sont confrontés les clients lors de la mise en œuvre de la numérisation des tiers, à savoir être submergés par diverses fonctionnalités qui ne sont pas spécifiquement adaptées à leurs besoins. M. Bougeant précise que chaque client peut tester plusieurs applications pour trouver celle qui lui convient le mieux, ce qui élimine l’incertitude entourant les solutions numériques et les argumentaires de vente inutiles. L’accent est mis sur l’achat par les clients des solutions spécifiques dont ils ont besoin. « Pour nous, c’est un moyen d’éliminer les fantasmes autour de la numérisation et de créer un terrain de jeu où les clients peuvent faire des essais », commente M. Bougeant.

Il insiste sur l’importance de l’expérimentation et de la collaboration avec les clients qui le souhaitent afin d’affiner les solutions en fonction de leurs commentaires. En Scandinavie, par exemple, des changements soudains dans les données relatives aux voies ferrées ont mis en évidence à la fois des problèmes et des réussites en matière de maintenance. Cela a conduit au développement de solutions telles que « l’aiguillage intelligent », qui permet de surveiller les aiguillages en fournissant des informations sur le déplacement vertical, la vitesse des trains et la reconnaissance des trains, ce qui permet aux clients de contrôler l’efficacité de la maintenance. Le développement de cette fonctionnalité est le résultat direct de l’apport des clients et de leur connaissance du contexte. En effet, « ce sont les clients qui connaissent le mieux leurs voies, ils peuvent nous fournir les bonnes données et le bon contexte pour que nous puissions améliorer la solution », souligne-t-il.

Strainlabs System is easy to install and try out for new users: connect the router, pinpoint the location of the bolts and tighten with your regular tools. Strainlabs analytical software is reachable directly through Strainlabs or through Vossloh connect.
Le système Strainlabs est facile à installer et à essayer pour les nouveaux utilisateurs : connectez le routeur, repérez l’emplacement des boulons et serrez-les avec vos outils habituels. Le logiciel d’analyse Strainlabs est accessible directement par l’intermédiaire de Strainlabs ou de Vossloh connect
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L’IA est un outil utile ; le partage des données est essentiel

Lorsqu’il s’agit d’IA et d’apprentissage automatique, une question clé se pose : celle de la sécurité. En effet, M. Bougeant explique que « chez Vossloh, nous devons vérifier tout ce que l’IA propose en termes d’apprentissage automatique, car elle arrive à ces conclusions sans supervision, et nous devons confirmer les modèles avec des experts ». Il ajoute : « Nous ne croyons pas au modèle de la boîte noire, où l’approche consiste à dire « voilà l’idée, faites avec et faites-nous confiance ». Je ne pense pas que cela fonctionne sur un marché comme celui des chemins de fer ».

Les clients « veulent avoir accès aux données brutes », affirme M. Bougeant. Ils veulent comprendre le « pourquoi » et nous voulons créer cette confiance. Lorsque la confiance est créée, ils peuvent alors aller de l’avant et appliquer les connaissances acquises grâce aux conseils. Pour nous, l’IA et l’apprentissage automatique sont des outils formidables, mais ce ne sont que des outils », explique-t-il.

Pour que l’IA ou l’apprentissage automatique puissent apporter une assistance, il faut disposer d’un contexte et de données suffisants. Il s’agit notamment d’informations telles que les schémas de circulation, l’historique de la maintenance, les dates d’installation et l’état des actifs. Toutefois, à l’heure actuelle, très peu de personnes ont accès à toutes ces données. M. Bougeant est un partisan du partage des données et considère que « partager les données, c’est aussi multiplier les connaissances ». Il ajoute : « Si tout le monde reste dans son coin, c’est qu’il n’y a pas de données : « Si chacun reste dans son coin, sans partager ses données, nous ne parviendrons pas à mettre plus de personnes et plus de marchandises sur les rails.

Vossloh connect
Vossloh connect illustration (Photo : Vossloh)

Faciliter le changement : Le projet de recherche « RailMon

Alors que l’industrie ferroviaire adopte de plus en plus la numérisation, s’éloignant de la maintenance basée sur l’état (CBM) et adoptant des approches plus proactives, un changement culturel se produit dans une industrie traditionnelle avec une main-d’œuvre vieillissante. La façon dont la maintenance est effectuée change radicalement. Cela peut entraîner certains problèmes, notamment une résistance au changement de la part des travailleurs. « Par exemple, nous offrons parfois une tablette contenant toutes les directives de maintenance proposées, mais certaines personnes disent qu’elles n’en ont pas besoin parce qu’elles savent déjà comment faire leur travail, même si elles ne sont pas familières avec les dernières technologies ou recommandations », illustre M. Bougeant.

Dans certains cas, « il s’agit de leur état d’esprit, ils pensent qu’ils devraient savoir, alors ils refusent l’aide », ajoute-t-il. Pour aider à identifier les facteurs qui entravent l’adoption des nouvelles technologies, Vossloh participe au projet de recherche « RailMon » en France, avec l’Université de technologie de Troyes (UTT), soutenu par l’État français. Ce projet vise à analyser les pratiques, à formuler des recommandations en matière d’exploitation et de gestion du changement, et à fournir aux opérateurs de maintenance une fiabilité et une facilité d’intervention accrues dans différents scénarios de maintenance.

Railway engineers at work (Photo: Shutterstock)
Ingénieurs ferroviaires au travail (Photo : Shutterstock)

L’influence du gouvernement sur le changement de culture

Pour M. Bougeant, « ce qui est intéressant ici, c’est de trouver un moyen de repérer ces situations et de s’y attaquer. Ce n’est pas seulement une question de technologie ; il s’agit de présenter la valeur aux bonnes personnes et de surmonter les obstacles qui se dressent sur le chemin. C’est ce qui nous intéresse, et c’est ce qui rend le changement fascinant – il ne s’agit pas seulement de technologie, mais d’introduire une nouvelle valeur dans un environnement complexe avec des parties prenantes ayant des niveaux de curiosité différents. C’est là tout le défi.

Certains pays, comme « la Suède ou les Pays-Bas, pour n’en citer que quelques-uns », cités par M. Bougeant, semblent adopter les nouvelles technologies beaucoup plus rapidement que d’autres. « Ce que nous constatons chez Vossloh, c’est que s’il existe un cadre clair, nous pouvons travailler sur ce cadre. En tant que telle, la politique gouvernementale peut avoir un impact tangible sur la vitesse d’adoption de l’innovation, selon M. Bougeant.

Globalement, « ce qui est intéressant pour nous, c’est que lorsque nous voyons que le marché pousse à l’innovation, c’est souvent un signal clair qu’il y a une proposition de valeur qui vaut la peine d’être explorée. Lorsque nous constatons que les pouvoirs publics poussent à l’innovation, ils créent un environnement propice à l’épanouissement de l’innovation.

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Cet article a été traduit automatiquement de l’original en anglais vers le français.

Auteur: Emma Dailey

Source: RailTech.com