Pourquoi la Polregio a-t-elle annulé son appel d’offres pour quatre UEM d’occasion ?
Polregio, le plus grand opérateur ferroviaire régional de Pologne, a annulé son appel d’offres pour quatre rames automotrices électriques d’occasion, la seule offre soumise étant trop coûteuse.
En octobre, le journal ferroviaire polonais Rynek Kolejowy a rapporté que quatre unités EMU 14WE vieillissantes, fabriquées par Newag en 2005 et louées par la société Industrial Division, pourraient bientôt être vendues à Polregio. En effet, l’appel d’offres de la société a été annoncé à la fin du mois, recherchant des véhicules à trois sections d’une longueur maximale de 70 mètres, équipés de 4 ou 6 bogies à deux essieux, dont 2 motorisés.
Polregio exigeait que les véhicules offrent au moins 160 places assises et 150 places debout, que leur vitesse de fonctionnement ne soit pas inférieure à 110 km/h et que l’année de production ne soit pas antérieure à 2004. Il souhaitait également que les véhicules soient livrés dans les trois mois suivant la signature du contrat, qu’un an et demi au moins s’écoule avant qu’un entretien mineur soit nécessaire et qu’au moins cinq ans s’écoulent jusqu’à la prochaine révision majeure. Le principal critère de l’appel d’offres était le prix.
Trop cher
Selon Rynek Kolejowy, Cargounit, la seule entreprise à avoir soumis une offre, voulait 11,808 millions de PLN (2,8 millions d’euros) pour son matériel roulant 14WE. Cependant, ce montant dépassait le budget de Polregio et, n’ayant aucune marge de manœuvre pour augmenter son offre, la société a décidé d’annuler l’appel d’offres.
Polregio tente d’acheter des unités électriques d’occasion pour remédier au vieillissement de son parc, dominé par des unités EN57 obsolètes. Toutefois, pour rester compétitive sur le marché polonais de plus en plus libéralisé, la société devra investir dans un matériel roulant beaucoup plus important, d’une valeur estimée à 200-250 unités.
Les achats plus importants de nouveaux véhicules devaient être financés par le Fonds de reconstruction de l’UE, mais en raison du différend entre l’ancien gouvernement polonais et Bruxelles, l’UE retenait des milliards de dollars de financement de la Pologne. Il semble toutefois que les fonds de l’UE recommencent à affluer.
Dégel des relations
En octobre, la Commission européenne a accordé 500 millions d’euros au gouvernement polonais pour moderniser son réseau de transport, après avoir laissé Varsovie à l’écart pendant des années. Ce nouvel afflux de fonds européens s’inscrit dans le cadre des efforts renouvelés de l’Union pour soutenir les projets d’infrastructure de la Pologne depuis que Donald Tusk, lui-même ancien dirigeant de l’UE, a repris ses fonctions de Premier ministre polonais à la fin de l’année 2023.
Sous le gouvernement précédent, dirigé par le parti Droit et Justice, l’Union européenne avait retenu environ 76,5 milliards d’euros de fonds de la politique de cohésion en raison de préoccupations concernant l’État de droit et l’indépendance de la justice en Pologne. Cet argent était essentiel pour divers projets d’infrastructure dans le pays, notamment dans le domaine ferroviaire.
L’administration pro-UE et plus libérale de M. Tusk a conduit à un dégel massif des relations entre Varsovie et Bruxelles, ce qui a permis à l’UE de commencer à débloquer des subventions précédemment gelées. Au début de l’année, l’ancienne collègue de M. Tusk, Ursula von der Leyen, a déclaré que le plan ambitieux de son gouvernement pour s’attaquer à l’État de droit était « une déclaration puissante », affirmant qu’il s’agissait d’une « feuille de route claire pour la Pologne ». Dans la foulée, elle a également annoncé que l’UE commencerait à débloquer des paiements à hauteur de 137 milliards d’euros pour Varsovie.
Il reste à voir si cela se répercutera sur Polregio, qui appartient aux gouvernements locaux des 16 voïvodies (régions) polonaises, qui détiennent ensemble des participations dans l’entreprise. Pour l’instant, la direction a déclaré qu’elle travaillait sur de nouvelles solutions tout en cherchant comment financer la modernisation de sa flotte.
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