Grèves au Royaume-Uni : Angleterre : accord, Écosse : pas d’accord
Une percée a été réalisée dans le cadre de plus de deux ans de grèves préjudiciables sur le réseau ferroviaire britannique – mais pas partout. Une nouvelle offre salariale aux conducteurs en Angleterre semble susceptible d’être acceptée. En revanche, les conducteurs écossais sont toujours en conflit, ce qui oblige la compagnie ScotRail, gérée par le gouvernement, à réduire radicalement ses services. Au Pays de Galles et en Irlande du Nord, les grèves ne sont pas à l’ordre du jour.
Parmi les syndicats ferroviaires britanniques, l’ASLEF (Associated Society of Locomotive Engineers and Firemen), représentant influent des conducteurs, a résisté et participé à dix-huit périodes de grève, affectant diversement les services de transport de passagers à travers la Grande-Bretagne. Toutefois, le récent changement de gouvernement britannique a entraîné un changement d’avis et un nouvel accord a été proposé au syndicat, qui a toutes les chances de l’accepter.
Recommandation d’acceptation
Les relations complexes entre les quatre nations du Royaume-Uni et la gouvernance des transports en Angleterre, en Écosse, au Pays de Galles et en Irlande du Nord signifient que les relations industrielles se situent à différents niveaux d’accord. Certains sont meilleurs que d’autres. Le gouvernement britannique, élu pour l’ensemble de la Grande-Bretagne et de l’Irlande du Nord, est responsable des questions de transport, mais uniquement en Angleterre. Les récentes élections générales ont entraîné un changement radical : les conservateurs de droite ont cédé la place au parti travailliste de gauche, beaucoup plus favorable aux syndicats.
Il n’aura fallu que quelques semaines à la nouvelle chancelière – Rachel Reeves – pour conclure un accord avec l’ASLEF, qui mettra très certainement un terme au conflit périodique qui dure depuis la mi-2022. L’accord a été officiellement proposé par le ministère des transports et, selon le syndicat, il sera soumis aux membres avec une recommandation d’acceptation.
Une bonne offre, une offre propre
Selon l’ASLEF, le plus long conflit de l’histoire récente des chemins de fer britanniques s’explique par le fait que l’ancien gouvernement conservateur et les sociétés privatisées d’exploitation des trains de passagers n’ont pas réussi à s’entendre avec les conducteurs de train. L’ASLEF affirme que ses membres n’ont pas eu d’augmentation de salaire depuis l’expiration de leurs derniers accords salariaux en 2019. Pendant cette période, le coût de la vie a augmenté de manière significative.
« Nous sommes heureux qu’après avoir été traités avec un mépris total au cours des deux dernières années, nous ayons enfin un nouveau gouvernement – un gouvernement travailliste – qui écoute et veut faire fonctionner les chemins de fer pour le personnel, les passagers et le contribuable », a déclaré Mick Whelan, secrétaire général de l’ASLEF. « L’offre est bonne et juste. C’est ce que nous avons toujours demandé, une offre claire, sans accaparement de nos conditions de travail. Nous la soumettrons aux membres en leur recommandant de l’accepter ». L’offre sans conditions en trois phases est de 5 % pour 2022-2023, de 4,75 % pour 2023-2024 et de 4,5 % pour 2024-2025. L’offre est rétroactive et ouvre droit à pension.
Aucune perspective de résolution en Écosse
Toutefois, l’accord ne s’applique qu’aux entreprises ferroviaires basées en Angleterre. La situation est différente dans les autres régions du Royaume-Uni, où les gouvernements décentralisés sont responsables des questions de transport. Au Pays de Galles, un accord distinct a été conclu il y a quelque temps. Il a permis à Transport for Wales, qui gère déjà les chemins de fer de passagers en tant qu’entreprise publique (gérée par le gouvernement), d’opérer sans conflit industriel. Il convient de noter que le gouvernement de Cardiff a néanmoins été critiqué pour sa gestion. L’Irlande du Nord est restée à l’écart du conflit, mais le gouvernement de Stormont (Belfast) a dû faire face à divers problèmes de relations industrielles au niveau local, qui pourraient affecter l’ensemble des transports publics.
C’est en Écosse que les choses ont empiré. Les chemins de fer écossais, nationalisés, étaient à l’origine impliqués dans le conflit qui touchait toute la Grande-Bretagne. Le gouvernement d’Édimbourg a conclu un accord séparé avec les syndicats l’année dernière, mais un conflit distinct et de longue durée avec les membres de l’ASLEF a abouti à une interdiction des heures supplémentaires très préjudiciable pour une grande partie de l’année 2024. Les conducteurs ne sont pas obligés de travailler en dehors des heures de bureau, de sorte que les services matinaux et tardifs, ainsi que les trains du week-end, dépendent des conducteurs qui se portent volontaires pour effectuer des heures supplémentaires et des jours de repos. Pour l’instant, ce n’est pas le cas.
Un chancelier écossais extrêmement évasif
La compagnie ScotRail, gérée par le gouvernement, a mis en place des horaires réduits (qu’elle qualifie d' »urgents ») qui ont entraîné de fortes réductions de la fréquence des trains et la suppression de nombreux trains tôt le matin et tard le soir. Aujourd’hui (15 août), ScotRail a déclaré que le service réduit resterait en place pendant au moins un mois supplémentaire (jusqu’au 17 septembre). Interrogée ce matin par Radio Scotland, la chancelière du gouvernement écossais, Shona Robison, s’est montrée extrêmement évasive sur la question et n’a pas voulu s’engager à trouver une solution. Tout ce qu’elle a admis, c’est la probabilité de devoir suivre les traces de ses homologues britanniques. Des pourparlers sont prévus cette semaine.
Mme Robison fait partie du gouvernement du Parti national écossais à Édimbourg, qui entretient des relations peu amicales avec le parti travailliste. Bien que les travaillistes jouissent d’une grande popularité en Écosse, ceux qui espèrent qu’un changement de gouvernement à Édimbourg aura le même effet qu’un changement de gouvernement à Londres risquent d’attendre longtemps. Le cycle électoral étant différent en Écosse, les prochaines élections pour le parlement d’Édimbourg n’auront lieu qu’en 2026. C’est suffisamment loin pour que la lumière au bout du tunnel ne soit pas encore visible. Les chemins de fer écossais ont encore de beaux jours devant eux.