Bonne nuit, train de nuit ! L’ÖBB interrompt les liaisons Nightjet
La compagnie ferroviaire autrichienne ÖBB interrompt plusieurs de ses services de trains de nuit – lancés il y a seulement huit mois – entre Berlin et Vienne, d’une part, et Paris et Bruxelles, d’autre part, en raison de « vastes » travaux d’infrastructure. Les passagers qui souhaitent voyager à l’heure du crépuscule devront attendre environ deux mois avant que les services réguliers ne reprennent. La question se pose donc de savoir si le boom des trains de nuit en Europe peut répondre aux attentes.
Alors que l’expansion des services de trains de nuit en Europe a fait couler beaucoup d’encre, les travaux de rénovation prévus en France et en Allemagne ont mis en veilleuse l’un des services de trains-couchettes les plus récemment lancés. Inaugurée le 11 décembre 2023, la liaison Nightjet de l’ÖBB entre Berlin et Paris a été considérablement réduite cette semaine. La liaison entre Vienne et Paris a également été suspendue.
Les travaux et la suspension ont commencé cette semaine et se poursuivront jusqu’à la fin du mois d’octobre, bouleversant ainsi les projets de nombreux voyageurs pour la fin de l’été. C’est un début qui donne à réfléchir pour une compagnie qui espérait montrer la voie à suivre sur le continent en matière de voyages internationaux durables. Et cela laisse entrevoir certains des problèmes plus généraux auxquels sont confrontés les fournisseurs de trains de nuit.
D’autant plus regrettable
« Malgré les efforts intensifs de nos partenaires, certaines liaisons Nightjet ne pourront pas être proposées pendant la période du 12 août au 25 octobre 2024 en raison d’importants travaux de construction en Allemagne et en France », a déclaré ÖBB à RailTech. « Cela concerne les liaisons Vienne-Paris, Berlin-Paris et Bruxelles ».
La société a déclaré que les partenaires de Nightjet – y compris ÖBB, la Deutsche Bahn d’Allemagne, la SNCF de France et la SNCB de Belgique – avaient « constamment étendu le réseau européen de Nightjet au cours des dernières années. » La compagnie a ajouté que cela rendait les effets temporaires des travaux « d’autant plus regrettables ».
Les rénovations en France auront lieu sur le tronçon Epernay-Château-Thierry et en Allemagne sur la ligne Berlin-Mannheim, notamment entre Halle et Eisenach. ÖBB a déclaré qu’elle avait choisi de fermer ces lignes plutôt que de chercher des solutions de remplacement, car cela entraînerait des retards et des désagréments supplémentaires pour ses passagers.
Risques d’irrégularité
« Afin d’éviter des annulations de trains inattendues, des retards et des désagréments pour nos clients, nous devons malheureusement suspendre temporairement l’exploitation de certaines lignes Nightjet. Aucun billet n’a encore été vendu pour les trains concernés », a déclaré la compagnie dans un communiqué. Les transporteurs auraient cherché des solutions alternatives, mais toutes présentaient des « risques d’irrégularité ».
L’opérateur autrichien a souligné qu’aucun billet n’avait encore été vendu pour les trains concernés, de sorte que les entreprises impliquées dans les lignes Nightjet n’auront pas à rembourser de billets. Il s’est également engagé à ce que toutes les lignes reprennent leurs activités régulières à partir du 28 octobre. Entre-temps, la liaison de nuit Vienne-Bruxelles de l’ÖBB circulera trois fois par semaine comme prévu et la compagnie néerlandaise European Sleeper poursuivra son service. Cependant, les suspensions ne passent pas inaperçues.
Le train de nuit : des difficultés de démarrage
L’expansion de Nightjet et d’autres nouveaux services de trains-couchettes a suscité l’enthousiasme du public ces dernières années. Mais ils continuent de connaître des difficultés de démarrage préjudiciables à leur réputation au fur et à mesure qu’ils se développent. Les trains exploités par ÖBB, par exemple, ont connu un regain d’intérêt, en particulier de la part des jeunes voyageurs attirés par le caractère écologique et la nouveauté des trains-couchettes. Mais même avec le financement public et l’accès à l’infrastructure, des problèmes persistent, comme l’obtention d’un matériel roulant adapté et la navigation dans des réglementations transfrontalières complexes.
De plus, le nombre de retards sur les lignes et certains services à bord font l’objet de critiques croissantes. Entre-temps, les services privés de trains de nuit qui ne bénéficient pas d’un soutien direct de l’État sont confrontés à des défis encore plus importants. Il leur est notamment difficile d’obtenir un financement, de trouver et de remettre à neuf des voitures adaptées et conformes aux normes, et de surmonter des obstacles tels que les travaux de maintenance nocturne sur plusieurs réseaux nationaux différents.
Un exemple concret : Midnight Trains, une jeune entreprise française d’exploitation de trains de nuit à accès ouvert, a été contrainte d’annoncer sa fermeture au début de l’été. Confrontée à de graves problèmes de réglementation et de marché, la société s’est effondrée sans avoir jamais envoyé un seul train. Espérons que Nightjet aura plus de force de frappe.
Plus d’informations ici :
- La Belgique suspend une liaison ferroviaire essentielle avec l’Europe
- Le nouveau train de nuit de luxe italien relie Rome à la « Florence du Sud ».
- Les trains de nuit n’ont pas fini de faire parler d’eux