Une ligne ferroviaire à grande vitesse faisant le tour de l’équateur
Un grand projet a été annoncé pour relier par le rail les trois nations qui partagent l’île de Bornéo. Mais ce n’est pas le cas. Pas selon le gouvernement de la plus petite de ces trois nations, Brunei. Mais ce n’est pas ce qui se passe à Kuala Lumpur, où le gouvernement malaisien affirme qu’il va procéder à une étude de faisabilité. Le plus grand pays partenaire potentiel, l’Indonésie, n’est donc pas au bout de ses peines.
L’Europe, la Chine et même les États-Unis. Si l’on vous demandait de citer des endroits dans le monde qui ont des aspirations en matière de train à grande vitesse, il est peu probable que Bornéo vous vienne à l’esprit. Pourtant, il existe un grand projet visant à unir l’île comme elle ne l’a jamais été auparavant. Un réseau de lignes ferroviaires à grande vitesse pourrait faire le tour de la troisième plus grande île du monde, à condition qu’un accord soit conclu entre les trois pays qui se partagent ce point chaud de l’équateur.
Confusion et spéculation autour du chemin de fer équatorial
Une proposition de réseau ferroviaire à grande vitesse faisant le tour de l’île de Bornéo a suscité la confusion et la spéculation dans les trois pays qui se partagent l’île : l’Indonésie, la Malaisie et Brunei. La proposition, qui proviendrait d’une société basée à Brunei, Brunergy Utama, a été démentie par les responsables gouvernementaux des trois pays.
Au début du mois, le journal Borneo Post a affirmé que Brunergy Utama prévoyait de construire un réseau ferroviaire de 70 milliards de dollars US qui relierait Brunei aux États malaisiens de Sabah et Sarawak et à l’immense province de Kalimantan en Indonésie. Ce rapport a donné lieu à de nombreuses spéculations et a suscité des réactions de la part des responsables des territoires malaisiens de Sabah et de Sarawak (qui représentent environ un quart de la masse continentale de l’île). Toutefois, à Brunei, la ville-État située sur la côte nord-ouest de l’île, le ministère des transports et des communications (MTIC) a rapidement rejeté ces allégations.
Des engagements formels des trois gouvernements ont été exigés
« Le gouvernement de Sa Majesté le Sultan et Yang Di-Pertuan de Brunei Darussalam n’a jamais proposé ou désigné une entreprise locale ou étrangère pour entreprendre [ledit] projet », a déclaré le MTIC dans une réponse officielle. Le ministère a souligné qu’un projet d’une telle envergure nécessiterait des discussions et des engagements formels de la part des trois gouvernements respectifs. Dans un territoire où les rumeurs peuvent rapidement s’enraciner, il a invité le public à vérifier les informations afin d’éviter les malentendus.
Le ministre des transports du Brunei, Pg Dato Shamhary, avait reconnu que deux entreprises avaient proposé l’idée d’un réseau ferroviaire à Bornéo, mais il avait souligné la nécessité d’une étude de faisabilité pour évaluer l’investissement et les engagements des parties prenantes avant que tout projet ne puisse aller de l’avant.
Étude de faisabilité réclamée
En Malaisie, le ministre des transports Anthony Loke a confirmé que le projet n’en était encore qu’au stade de la proposition et a fait remarquer que tout « mégaprojet » de ce type devait faire l’objet d’une annonce officielle du gouvernement pour être considéré comme valide. La société à l’origine du projet aurait déclaré qu’elle entamerait une étude de faisabilité pour le projet de chemin de fer Trans-Borneo en août 2024, pour une durée de 12 mois.
Le gouvernement indonésien a lui aussi nié être au courant de cette proposition. Le ministre de l’investissement, Bahlil Lahadalia, et le ministre des transports, Budi Karya Sumadi, ont tous deux déclaré qu’ils n’étaient pas au courant d’un quelconque projet de réseau ferroviaire à grande vitesse reliant les trois pays sur l’île de Bornéo. Le directeur général des chemins de fer du ministère des transports, Risal Wasal, a précisé qu’il n’y avait pas eu de discussions formelles avec ses homologues malaisiens ou brunéens au sujet d’un tel projet.
La nouvelle capitale donne du crédit au projet
Malgré ces démentis, le projet de chemin de fer transboréen présente des avantages potentiels qui pourraient améliorer considérablement la connectivité et la logistique sur l’île. Le réseau, qui s’étend sur environ 1 620 kilomètres, relierait des régions riches en ressources naturelles telles que le pétrole, le charbon et les plantations de palmiers. Cette amélioration de la connectivité pourrait stimuler la croissance économique, faciliter les échanges commerciaux et améliorer l’efficacité des transports. Bornéo a toutefois été au cœur de préoccupations environnementales et de conservation, notamment en raison de la richesse de la forêt équatoriale à peine explorée qui couvre une grande partie de l’île. Les préoccupations environnementales entourent toujours le développement des chemins de fer, comme en témoignent tous ceux qui étudient l’avancement du projet HS2 en Angleterre.
Toutefois, une grande partie du projet, s’il était jamais réalisé, relierait les principaux centres de population de la côte. Les promoteurs potentiels envisagent une approche de construction par étapes, avec une première phase le long de la côte ouest de Bornéo, de Kota Kinabalu en Malaisie à Pontianak en Indonésie, en passant par Brunei. La seconde phase s’étendrait de Brunei aux régions centrales et orientales de Bornéo (Malaisie) et de Kalimantan (Indonésie), pour finalement atteindre Nusantara. La présence de la nouvelle capitale indonésienne confère une certaine crédibilité au projet. Toutefois, les promoteurs ne sont pas très loquaces. Leur site web reste « en construction » – un statut qui ne peut pas encore être attribué au Trans-Borneo Railway.