Réponse sceptique à l’annonce d’un nouveau programme de financement des transports au Royaume-Uni
Rishi Sunak, le Premier ministre britannique, a choisi lundi de visiter le nord-est de l’Angleterre. La publicité faite autour de cette visite tournait autour de ce qu’il a appelé un redéploiement de 4,7 milliards de livres (5,5 milliards d’euros) des fonds provenant de l’annulation de la partie nord du projet de train à grande vitesse HS2. M. Sunak a déclaré que ce projet transformerait les transports dans le Nord et les Midlands. Les sceptiques ont répondu : il en allait de même pour HS2 avant que vous ne l’annuliez.
Un budget sans précédent pour les transports, destiné aux petites villes et aux zones rurales. C’est ainsi que le gouvernement britannique a présenté le fonds annoncé à nouveau aujourd’hui. Les ministres affirment qu’il financera les projets les plus importants pour les communautés locales. Les fonds réaffectés au projet HS2 seront investis directement dans le Nord et les Midlands de l’Angleterre par l’intermédiaire d’un « Fonds de transport local ». Au moins, il y a eu une nouveauté dans l’annonce : le fonds a un nom.
De la grande vitesse à la grande rue
Lors de la conférence du parti conservateur au pouvoir en octobre dernier, le Premier ministre Rishi Sunak a annulé la « partie nord » du projet de train à grande vitesse HS2. Il était ironique d’annuler une ligne de chemin de fer vers Manchester – à Manchester, lors d’une conférence qui s’est tenue dans un ancien terminal ferroviaire de la ville. Cette ironie n’a pas échappé aux dirigeants municipaux et aux parties prenantes du nord de l’Angleterre, qui étaient furieux. La conférence de lundi a été un exercice de premier ordre pour les ramener dans le droit chemin. On pourrait croire qu’il y a des élections en vue.
Le tour d’horizon des initiatives en matière de transport présenté lundi avait pour but de rassembler toute une liste de projets et de les placer sous un seul grand chiffre. Ces 4,7 milliards de livres (5,5 milliards d’euros) sont certainement capables de fournir un trésor impressionnant en matière de transport. Toutefois, la valeur réaffirmée et surévaluée du paquet peut être remise en question. Avec l’inclusion des bus et des pistes cyclables dans le paquet de financement, les ambitions de la Grande-Bretagne en matière de transport sont définitivement passées de la grande vitesse à la grande rue.
Les projets locaux pourraient être transformateurs
L’accord initial prévoyait que HS2 serait financé sans impact sur les autres investissements dans les infrastructures de transport, en particulier le rail. La réaffectation des fonds actuellement déployés sur une liste de transports locaux abandonne clairement ce concept. Cependant, les dépenses proposées pour les projets locaux pourraient être transformatrices, même si elles partent d’un niveau d’investissement très bas.
Le programme de financement doit être mis en œuvre au cours des sept prochaines années. La valeur révisée passe d’un peu plus de cinquante millions de livres à un peu moins de cinq milliards de livres. Cependant, les chiffres ne correspondent pas tout à fait à la réalité. Environ deux tiers du coût du projet HS2 sont consacrés à l’axe principal Londres-Birmingham. Avec un coût total estimé à près de cent milliards de livres, il reste une trentaine de milliards. Les 4,7 milliards du Fonds de transport local ne suffisent pas.
Donner aux responsables locaux les moyens d’investir dans des projets de transport
« Des millions de personnes dans le Nord et les Midlands bénéficieront de meilleurs transports publics, d’une réduction des embouteillages et d’une amélioration des gares routières et ferroviaires locales », indique un communiqué du gouvernement. « Nous ne nous contentons pas d’investir des milliards de livres. Nous donnons aux dirigeants locaux les moyens d’investir dans les projets de transport qui comptent le plus pour leurs communautés ».
Il n’a pas échappé aux commentaires que les projets ferroviaires sont à peine mentionnés dans le Fonds de transport local. L’abandon du controversé « Northern Leg » n’a pas entraîné une renaissance de la restauration ferroviaire. Elle n’a pas non plus permis de remédier au déséquilibre d’investissement qui existe toujours entre le Nord et le Sud.
L’ensemble du Fonds local de transport permettrait de financer environ un tiers de la très populaire ligne Elizabeth de Londres. Quant aux milliards manquants, ils permettraient tout juste de financer le projet Apollo. La Grande-Bretagne n’ira pas à Manchester pour le même prix que l’homme est allé sur la Lune. Les prochaines élections risquent de ne pas être favorables au Premier ministre. Ces 4,7 milliards de livres sterling pourraient bien n’être que de la poudre aux yeux.
Pour en savoir plus :
- Le projet britannique HS2 fait l’objet d’un rapport parlementaire accablant
- Pas de siège en première classe et des trains plus courts : les coupes dans le projet HS2 qui n’étaient pas attendues
- A vendre : les terrains précédemment réservés à la HS2 Northern Leg … ou pas