Les conducteurs de train britanniques relancent le conflit social
Les voyageurs ferroviaires britanniques, sceptiques, se doutaient que leur chemin n’était pas tout tracé. Quelques jours seulement après que le principal syndicat, le RMT, a suspendu son mouvement de grève, le deuxième syndicat le plus important du secteur ferroviaire, le syndicat des conducteurs, est revenu à la charge. L’ASLEF, qui représente près de 25 000 professionnels des chemins de fer dans la cabine de conduite, a annoncé une série de grèves échelonnées et une interdiction des heures supplémentaires pour les premières semaines de décembre. La nouvelle a été accueillie avec consternation, en particulier par les secteurs de l’hôtellerie et de la vente au détail, qui affirment que ces grèves toucheront la période précédant Noël. L’action perturbera les services de transport de passagers dans de nombreuses régions.
Les services ferroviaires seront perturbés dans une grande partie du Royaume-Uni au cours des premières semaines de décembre. Les grèves prendront la forme d’un programme continu de débrayages chez les opérateurs de trains de passagers en Angleterre. Cette nouvelle tactique diffère du modèle précédemment établi d’arrêts de travail plus courts mais plus larges. Dans cette nouvelle action, les membres de l’ASLEF feront grève auprès de différents opérateurs entre le samedi 2 décembre et le vendredi 8 décembre, avec différentes compagnies de trains de passagers touchées chaque jour. Ils refuseront également d’effectuer des heures supplémentaires du vendredi 1er décembre au samedi 9 décembre. Les services de fret ne seront pas concernés et le personnel de sécurité (y compris les signaleurs) restera en service, mais le réseau de transport de passagers sera considérablement réduit.
Les chemins de fer sont toujours soutenus par les contribuables
L’ASLEF rappelle que les conducteurs de train n’ont pas eu d’augmentation de salaire depuis 2019. Ils affirment que leur action continue face à la hausse de l’inflation, alors que les salaires restent statiques. « Il s’agit d’une baisse de salaire en termes réels », affirme un communiqué du syndicat. « Nous cherchons à obtenir un accord salarial équitable pour nos membres qui ont subi des baisses de salaire en termes réels alors que les opérateurs privés et les sociétés de matériel roulant (qui possèdent les trains et les louent) ont continué à verser des dividendes à leurs actionnaires, extrayant ainsi les bénéfices des chemins de fer ». Alors que le RMT demande à ses membres une suspension de six mois de l’action syndicale, à la suite d’une offre révisée sur les salaires et les conditions de travail, le syndicat des conducteurs poursuit son action.
L’organe représentatif des employeurs, le Rail Delivery Group, a répondu à l’appel de l’ASLEF à de nouvelles grèves en les qualifiant de tout à fait inutiles. « L’action de grève lancée par les dirigeants de l’ASLEF va malheureusement perturber les clients et les entreprises avant la période cruciale des fêtes de fin d’année », a déclaré un porte-parole en réponse à l’appel de l’ASLEF. « Cette action nuit encore plus aux chemins de fer alors qu’ils reçoivent encore 175 millions de livres [plus de 200 millions d’euros] de plus par mois de la part des contribuables. L’offre équitable et abordable faite par l’industrie, qui ferait passer les salaires de base moyens des conducteurs pour une semaine de quatre jours de 60 000 livres à près de 65 000 livres [69 500 – 75 500 euros], reste sur la table. Nous demandons instamment à la direction de l’ASLEF de soumettre cette proposition à ses membres, de rendre Noël à nos passagers et de mettre fin à ce conflit social préjudiciable.
Programme de débrayages
L’ASLEF compte près de 25 000 membres travaillant dans l’industrie ferroviaire. La quasi-totalité d’entre eux sont des conducteurs de train en activité, et leur retrait du marché du travail est évidemment un coup dur pour l’industrie. Jusqu’à présent, l’autre grand syndicat du secteur, le RMT, et l’ASLEF alternaient les journées d’action, ce qui mettait la majeure partie du réseau hors service pour une durée pouvant aller jusqu’à une semaine. Cette fois-ci, l’action prévue est différente, chaque entreprise étant ciblée à des jours différents, sur une période d’une semaine. Une interdiction de faire des heures supplémentaires est également prévue pour la période du 1er au 9 décembre.
Plusieurs sources médiatiques ont décrit le plan d’action d’ALSEF. À partir du samedi 2 décembre, les conducteurs débrayeront à East Midlands Railway et LNER – qui relient Londres à Nottingham, Sheffield, Leeds, York, Newcastle et Édimbourg. Le dimanche 3 décembre, Avanti West Coast, Chiltern, Great Northern Thameslink et West Midlands Trains seront touchés. Le mardi 5 décembre, les opérateurs C2C et Greater Anglia de l’est de l’Angleterre seront touchés. Le mercredi 6 décembre, l’action industrielle s’étend à Southeastern, Southern/Gatwick Express, SWR main line, SWR depot drivers, et Island Line sur l’île de Wight. La zone la plus touchée sera celle du jeudi 7 décembre, lorsque les conducteurs débrayeront chez CrossCountry et GWR, ce qui entraînera l’arrêt des trains en provenance d’Aberdeen au nord et de Penzance au sud, ainsi que de nombreux services en provenance de Birmingham, Londres et Bristol. Vendredi, le programme d’arrêts de travail touchera Northern et TransPennine, notamment à Liverpool, Manchester, Leeds et York.
Bien que l’action soit limitée aux compagnies de transport de passagers qui desservent principalement l’Angleterre, de nombreux trains qui traversent les frontières vers l’Écosse et le Pays de Galles seront touchés. Comme cela a été le cas tout au long du conflit, l’Irlande du Nord n’est pas concernée.