Plus de 50 trains ont grillé des feux rouges en Belgique l’année dernière. La couverture de 79 % de l’ETCS fait-elle une différence ?
Infrabel a révélé que 51 des quelque 1,5 million de trains circulant sur les lignes principales en Belgique ont franchi un signal rouge en 2024. Il s’agit d’une légère baisse par rapport à 2023, mais que fait le système de sécurité de signalisation ETCS – déployé sur 79 % des voies du pays à partir de 2024 – pour y remédier ?
L’année dernière, en moyenne, 3 800 trains de passagers et 400 trains de marchandises ont circulé quotidiennement sur les voies principales du réseau ferroviaire belge, ce qui signifie qu’un total annuel d’environ 1,5 million de trains ont emprunté les voies belges. Selon Infrabel, 51 d’entre eux ont grillé un feu rouge au cours de cette période. Cela représente un taux de 0,0034 %. Il n’en reste pas moins que tout incident de ce type peut provoquer une catastrophe cataclysmique.
Toutefois, aucun de ces incidents n’a entraîné d’accident, a précisé le gestionnaire ferroviaire belge, et ce chiffre est en baisse par rapport aux 54 cas enregistrés l’année précédente. Infrabel a également souligné que le franchissement d’un signal rouge ne présente pas toujours un risque immédiat ; en effet, le danger survient lorsque le train atteint une intersection avec une autre voie.
L’année dernière, cela s’est produit dans 14 des 51 cas. Cela représente 27,5 % des cas, soit une diminution par rapport aux 31,5 % enregistrés en 2023. Quant au nombre de passages à niveau irréguliers sur des voies accessoires, où les trains circulent à une vitesse inférieure à 40 km/h et la plupart du temps à vide, il a également diminué, passant de 44 en 2023 à 40 en 2024.
Que fait l’ETCS pour aider ?
La question est de savoir ce que le déploiement du système européen de contrôle des trains (ETCS) – qui surveille en permanence la vitesse des trains et peut automatiquement tirer le frein dans des situations aussi dangereuses – fait pour contribuer à faire baisser ces chiffres.
En 2024, Infrabel a indiqué que 1 085 km supplémentaires de voies étaient équipés du système, ce qui signifie que 79 % des lignes principales du réseau, soit 5 058 km, sont désormais équipées de l’ETCS. Selon l’entreprise, les résultats obtenus en 2024 « démontrent clairement les avantages » du système.
En effet, elle rapporte que lorsque l’ETCS est intervenu dans des situations d’intersection à risque l’année dernière, le premier point potentiellement dangereux n’a été atteint qu’une seule fois. Dans ce cas, le dispositif de sécurité a exclu tout risque de collision.
« Lorsque les signaux rouges ont été franchis, le système a empêché tout risque de collision », a déclaré Infrabel dans un communiqué. « Cette efficacité justifie la poursuite et l’augmentation des investissements dans ce système, garantissant un réseau ferroviaire plus sûr pour les passagers et les marchandises.
Leader européen en matière d’ETCS
Avec un réseau équipé à 79 % par l’ETCS l’année dernière, la Belgique continue d’être l’un des pays européens les plus avancés en termes de déploiement du système. En effet, elle ne semble talonner que la Suisse, qui a apparemment déployé l’ETCS sur la majeure partie de son réseau, et le Luxembourg, qui a achevé son déploiement en 2017. Il convient toutefois de noter que le réseau de ce dernier État représente environ 7,4 % de la taille de celui de la Belgique.
En 2023, la Belgique aura le plus grand nombre de voies ERTMS (le cadre global pour la gestion du trafic ferroviaire en Europe, dont l’ETCS est une composante clé) contractées par kilomètre en Europe, et le quatrième plus grand nombre de véhicules ERTMS prévus pour les mises à jour. Par ailleurs, selon son plan directeur ETCS, elle achèvera l’installation du système sur l’ensemble du réseau d’ici à la fin de 2025.
Son succès relatif face à l’initiative européenne de sécurité de la signalisation est en partie dû au fait qu’elle a commencé son déploiement tôt et qu’elle a adopté une approche échelonnée pour l’installation du système, en introduisant différents niveaux du système ERTMS à différentes étapes le long de voies déterminées. Elle a notamment introduit l’ERTMS de niveau 1 au lieu du niveau 2 sur un grand nombre de ses voies, à la grande surprise de beaucoup d’autres pays européens.
Pourquoi la Belgique investit-elle dans des systèmes plus anciens ?
Mais en quoi cela a-t-il été utile ? « Comment se fait-il que ces Belges, ces types bizarres, investissent encore dans des systèmes plus anciens ? » a demandé Jochen Bultinck, directeur de l’exploitation d’Infrabel, lors d’un entretien avec SpoorPro, la publication sœur de RailTech. « Mais c’était une approche pragmatique. Nous devions être prêts dans quelques années. En tant qu’ingénieur, on peut vouloir ce qu’il y a de plus récent, mais ce n’est pas humainement et financièrement faisable ».
Vous pouvez lire ci-dessous l’analyse approfondie de RailTech sur les raisons pour lesquelles son approche lui a donné un tel avantage sur les Pays-Bas voisins, et sur la manière dont les Néerlandais essaient maintenant de rattraper leur retard.
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