L’Espagne en France : Renfe lancera la ligne Barca-Toulouse en 2025
La France opère en Espagne ; l’Espagne opère en France. Les efforts de l’Union européenne pour libéraliser le secteur ferroviaire européen battent leur plein, et Renfe en profite : elle relancera un service international à grande vitesse entre Barcelone et la quatrième ville la plus peuplée de France, Toulouse, à partir de l’année prochaine. Cela signifie que l’opérateur ferroviaire soutenu par l’État espagnol proposera bientôt des services vers onze villes françaises.
Renfe a annoncé qu’elle commencerait à opérer à Toulouse dès l’année prochaine. Progressant régulièrement sur le réseau à grande vitesse en France, l’opérateur espagnol prévoit de mettre en service sa troisième ligne au cours du deuxième trimestre 2025. Reliant Barcelone à Toulouse, avec des arrêts à Gérone, Figueres, Perpignan et Carcassonne, la nouvelle ligne pourrait également être reliée à Madrid, Saragosse, Tarragone, Valence, Lérida et Castellón.
En effet, la carte des destinations françaises de Renfe s’agrandit. Avec Toulouse et Carcassonne, onze villes françaises auront désormais accès aux services espagnols à grande vitesse. Comme ce fut le cas avec l’arrivée des trains AVE vers Lyon et Marseille, les nouvelles voitures Renfe permettront de rétablir des liaisons ferroviaires directes entre Toulouse, Carcassonne et l’Espagne. La compagnie espagnole a exploité la ligne Barcelone-Toulouse avec la SNCF entre 2013 et 2019, mais le service a été supprimé en raison de difficultés financières. Cependant, cela ne semble plus être un problème.
Prochaines étapes pour Renfe en France
Renfe a déjà soumis à l’Agence ferroviaire de l’Union européenne la demande d’extension du certificat de sécurité pour opérer à Toulouse. Le plan d’affaires comprend des services quotidiens aller-retour sur les trains à grande vitesse s-100 et une demande d’horaires pour relier ce service à tous les autres trains à grande vitesse en Espagne et en France afin de tirer le meilleur parti de toutes les correspondances.
Dans un premier temps, ce train circulera de manière saisonnière : de début avril à mi-septembre, avec la possibilité d’étendre ses opérations plus tard, chaque année, pour répondre également à la demande croissante des voyageurs d’affaires. Le temps de trajet prévu sera d’environ 3 heures et 30 minutes entre Barcelone et Toulouse. Actuellement, il n’y a pas de train direct entre Barcelone et Toulouse. Une fois que Renfe aura obtenu le certificat de sécurité, la société déclare qu’elle commencera immédiatement à former son personnel et annoncera la date à laquelle les billets seront disponibles et le début exact du service.
L’Espagne en France, la France en Espagne
Le nouveau service renforce la position de Renfe comme l’un des principaux opérateurs à grande vitesse pour les liaisons transfrontalières entre l’Espagne et la France. À partir du printemps, les Espagnols proposeront six fréquences quotidiennes (trois dans chaque sens) qui relieront dix-sept villes des deux pays par des trajets directs en train.
Entre-temps, Toulouse sera la nouvelle plaque tournante des lignes à grande vitesse de Renfe qui relieront Marseille et Lyon, les trois villes les plus peuplées de France, juste après Paris, où Renfe espère également pouvoir opérer dès que possible avec ses trains à grande vitesse de grande capacité S-106 lorsque Talgo sera certifié. Elle s’efforce de devenir un opérateur de premier plan pour les seuls passagers français, en ouvrant la ligne de Toulouse en avril, qui desservira onze destinations en France, sur trois itinéraires différents, avec six services quotidiens de trains AVE (à grande vitesse).
Renfe n’exploite des services indépendants en France que depuis quelques années, ce qui est l’une des conséquences de la récente poussée de l’UE en faveur de la libéralisation des chemins de fer. La société avait l’habitude d’exploiter des services communs en France avec la SNCF, mais ce n’est plus le cas, car elle cherche à s’implanter seule dans le pays voisin. Entre-temps, la SNCF a lancé Ouigo España en 2021, son service de trains à grande vitesse à bas prix en Espagne. Ce service relie déjà Madrid à Barcelone et prévoit de s’étendre à d’autres itinéraires, notamment de Madrid à Valence et Alicante.
Pourquoi Renfe, ou qui que ce soit d’autre, irait-il à l’étranger ?
Il peut sembler étrange que des entreprises soutenues par l’État se développent dans les pays voisins, d’autant plus que nombre d’entre elles semblent si hostiles à une concurrence accrue sur leurs propres réseaux. Cependant, Paul Salveson, un éminent professeur de transport britannique qui a reçu un MBE pour ses services au rail britannique, explique à RailTech qu’il y a une certaine logique financière à l’expansion à l’extérieur.
« C’est une décision commerciale », explique-t-il. « Ils pensent qu’ils peuvent réaliser des bénéfices en exploitant des services franchisés dans d’autres pays, ce qui leur permet de préserver leur base financière dans leur pays d’origine. Ironiquement, l’opérateur public français SNCF a déjà enregistré des pertes de 108 millions d’euros dans le cadre de sa mission en Espagne et prévoit un déficit substantiel pour cette année 2024.
L’œil ailleurs ?
En attendant, M. Salveson souligne que la décision de partir à l’étranger pose d’autres problèmes, souvent plus proches de chez soi. La controverse grandit dans certains pays – il cite l’exemple des Pays-Bas – face aux accusations selon lesquelles les opérateurs soutenus par l’État « consacrent en fait beaucoup trop de temps et d’argent à la gestion des appels d’offres pour des franchises dans d’autres pays européens, au détriment de leur propre réseau ».
« Je ne sais pas si l’on peut dire que c’est parce que la direction a perdu de vue les opportunités commerciales qui s’offraient à elle ailleurs. « Je suis sûr que beaucoup de choses ont été dites à ce sujet, mais ce serait difficile à prouver. Renfe, en l’occurrence, ne semble pas voir le problème, et l ‘exécutif de l’UE se réjouit vivement de l’évolution récente. Quant aux voyageurs qui souhaitent une liaison directe entre Toulouse et Barcelone, la question de la libéralisation sera probablement laissée à la gare. Bon viaje !
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