Il n’y a pas de trains à hydrogène La Roumanie abandonne ses projets H2 et réinvestit les fonds européens dans les routes
La Roumanie annule son projet d’achat de 12 trains à hydrogène d’une valeur d’environ 360 millions d’euros et souhaite réinvestir les fonds européens destinés à ce projet dans la construction d’autoroutes. Pourquoi ? parce qu’il n’y a pas de trains à hydrogène », selon le premier ministre roumain Marcel Ciolacu.
S’exprimant après une réunion avec les dirigeants de l’UE à Bruxelles, M. Ciolacu a expliqué qu’après avoir essayé d’investir l’argent du plan national de relance et de résilience de la Commission européenne dans le transport à l’hydrogène, son gouvernement avait finalement décidé d’abandonner. En effet, malgré plusieurs tentatives d’appel d’offres, les fabricants n’ont apparemment pas manifesté d’intérêt pour le contrat de 360 millions d’euros.
« Nous allons renégocier [l’utilisation des fonds européens] », a déclaré M. Ciolacu à l’issue d’une réunion avec Ursula von der Leyen, chef de l’UE, comme le rapporte Economedia.ro. Quant à la raison pour laquelle il voulait réorienter l’argent, il a demandé : « Avez-vous vu des trains à hydrogène en Europe, dans le monde ? [Le ministre des transports, Sorin Grindeanu, a lancé l’appel d’offres à trois reprises. Personne ne s’est présenté. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas de trains à hydrogène.
Naturellement
M. Ciolacu a ajouté que le ministre roumain des investissements et des projets européens, Adrian Câciu, demanderait maintenant « naturellement » à la Commission si l’argent pourrait être utilisé à la place pour cofinancer des autoroutes. L’UE offre des subventions aux pays pour la construction de projets ferroviaires, mais elle finance les infrastructures routières par le biais de prêts à long terme et à faible taux d’intérêt.
En mai, le ministère roumain des transports, par l’intermédiaire de l’autorité chargée de la réforme des chemins de fer, a officiellement abandonné le troisième appel d’offres pour les 12 trains. Cette décision a été prise après que la première date limite de soumission des offres, fixée au 26 janvier, a dû être repoussée à plusieurs reprises en raison de problèmes liés au fait que le ministère n’avait reçu aucune offre de la part des fabricants
Les trains à hydrogène devaient être utilisés sur les tronçons non électrifiés des chemins de fer roumains. Ce carburant, comparativement plus écologique, est considéré comme particulièrement intéressant sur les lignes régionales plus courtes, où le coût de l’électrification des rails peut dépasser la rentabilité de l’itinéraire. Dans le cas de la Roumanie, c’est important car seulement 20 % de son réseau est électrifié. C’est le chiffre le plus bas de l’UE, à l’exception des États baltes.
Les trains à hydrogène avancent à petits pas
Cependant, la technologie n’en est qu’à ses débuts et son intégration dans les réseaux ferroviaires actuels est loin d’être aisée. Pourtant, contrairement à ce qu’affirme M. Ciolacu, de nombreux pays européens ont commandé et testé de tels trains. Le premier train à hydrogène du Portugal a circulé au début de l’année ; quant à l’Allemagne, elle fait circuler les Coradia iLints d’Alstom – la première flotte de trains à hydrogène au monde – dans la région de Basse-Saxe depuis 2018.
Mais en raison du coût d’exploitation des véhicules, il semble que l’autorité de transport de Basse-Saxe reviendra aux trains électriques à partir de 2029. Cette décision ne manquera pas d’inquiéter les fabricants qui ont fortement investi dans les trains à hydrogène, tels qu’Alstom et Siemens. La décision de l’Allemagne a peut-être également attiré l’attention de certains responsables politiques européens chargés de mettre en place des solutions de remplacement des trains à moteur diesel, dont le premier ministre roumain.
Pour en savoir plus :
- Initiative hydrogène pour la DB
- La SNCF et la Deutsche Bahn coopèrent dans le domaine des technologies durables
- Alstom fournira 16 locomotives électriques à la Roumanie