Écosse : services en baisse, tarifs en hausse, passagers blâmés
Les tarifs aux heures de pointe sont de nouveau d’actualité. La politique écossaise des transports est en plein désarroi et tout le monde rejette la faute sur les autres. Dans la foulée d’un conflit social inextricable, qui a entraîné une réduction des horaires, un coup dur est porté à tous ceux qui se rendent quotidiennement au travail. La suspension expérimentale des tarifs aux heures de pointe doit être abandonnée après que le gouvernement écossais a déclaré qu’elle n’avait pas atteint ses objectifs.
Les navetteurs écossais doivent déjà faire face à des horaires réduits, que ScotRail, qui appartient au gouvernement, qualifie de mesure « d’urgence ». Avec moins de trains, des heures de service réduites et des trains surchargés, la dernière chose à laquelle les passagers peuvent s’attendre est une augmentation des tarifs. Le gouvernement du Parti national écossais les a écoutés et vient de leur imposer une hausse des tarifs.
Une responsabilité difficile à établir
Les chemins de fer écossais, connus sous le nom de ScotRail, sont sous le feu des critiques de toutes parts, et c’est la faute des syndicats. C’est du moins la position du gouvernement écossais. Dans le cadre d’un conflit distinct de la grève très médiatisée en Angleterre (et parfois ailleurs en Grande-Bretagne également), les conducteurs ont refusé de travailler les jours de repos et de faire des heures supplémentaires, réduisant de fait le service aux heures de bureau avec quelques équipes du soir.
Les syndicats affirment que c’est la faute d’une mauvaise gestion, mais comme le secrétaire aux transports du gouvernement écossais se trouve à Édimbourg et qu’il donne des directives à l’agence Transport Scotland de Glasgow, qui assure la liaison avec Scottish Rail Holdings (dans une autre partie de Glasgow), qui à son tour confie la gestion à ScotRail Trains Limited (qui gère en fait ScotRail), il est peut-être un peu difficile de déterminer à qui s’adresse la faute.
Préavis courts et annulations multiples
Le gouvernement d’Édimbourg rejette la faute sur Covid et affirme qu’il essaie toujours de rattraper son retard. Les syndicats affirment qu’il aurait fallu une meilleure politique de recrutement pour répondre à la demande d’un réseau en expansion. Entre-temps, pour de nombreux voyageurs potentiels, la perspective de prendre un train est un point discutable. L’horaire « d’urgence » a réduit de près de moitié le nombre de trains en circulation. ScotRail affirme que cela stabilisera le service. Ce n’est pas le cas. Les annulations multiples et à court terme sont toujours monnaie courante.
Les histoires de trains surchargés, au point de mettre des vies en danger, restent courantes. Un exemple récent est devenu viral sur les médias sociaux, lorsque ScotRail n’a pu assurer aucun service entre Édimbourg et Aberdeen samedi soir (17 août). Les services alternatifs, proposés par les opérateurs de transport longue distance LNER et CrossCountry, ont été tellement surchargés que la police a été appelée pour expulser physiquement les passagers – dont la faute était d’avoir essayé de voyager en train.
La faute aussi aux passagers qui ne voyagent pas assez
Ainsi, les syndicats ne fonctionnent pas, le gouvernement ne gouverne pas et les passagers ont l’audace de voyager (ou de ne pas voyager). C’est dans ce contexte que la ministre écossaise des transports, Fiona Hyslop, a annoncé aujourd’hui que l’expérience d’un an de suspension des tarifs aux heures de pointe (une surtaxe payable pendant les heures de travail) se terminerait dans un peu plus d’un mois, à la fin du mois de septembre. Les chiffres cités par le gouvernement indiquent que l’expérience n’a pas atteint son objectif qui était d’encourager suffisamment de personnes à prendre le train.
Une augmentation de 6,8 % a été révélée par le ministre des transports, qui a déclaré qu’un chiffre de 10 % serait nécessaire pour que le projet atteigne le seuil de rentabilité. On reproche aux passagers de ne pas voyager assez. Ainsi, ceux qui étaient en mesure de tenir compte de l’appel à la protection de l’environnement seront maintenant frappés par des tarifs qui, par exemple, entre Glasgow et Édimbourg (la route la plus fréquentée d’Écosse), passeront d’un peu moins de 15 livres sterling à plus de 31 livres sterling (de 17,55 euros à 36 euros).
Une indignation prévisible et une taxe sur les travailleurs
L’Écosse est désormais confrontée à un avenir ferroviaire incertain, avec moins de trains, moins de passagers et des tarifs plus élevés à partir d’octobre. Les groupes de défense de l’environnement, les militants des transports et les partis politiques d’opposition ont tous été indignés, comme on pouvait s’y attendre. Les travaillistes, le parti de gauche qui est dans l’opposition en Écosse, ont affirmé que cette mesure obligerait les travailleurs à reprendre leur voiture. Leur porte-parole pour les questions de transport, Alex Rowley, a déclaré que les tarifs ferroviaires élevés constituaient une taxe sur les travailleurs qui tentent de se rendre au travail, omettant de noter que de vastes pans de l’Écosse ne disposent d’aucun service ferroviaire.
En revanche, certaines offres tarifaires qui avaient été suspendues pendant l’expérience des tarifs de pointe seront réintroduites. Le gouvernement écossais a annoncé que les tarifs « super heures creuses » seraient à nouveau disponibles sur certaines lignes, y compris les services de banlieue tels que Stirling-Glasgow. Bien entendu, ces tarifs ne sont pas valables pour les trajets effectués pendant les heures de pointe.