Suisse : suppressions de trains suite à un manque de conducteurs
Ce n’est pas banal. Les chemins de fer fédéraux suisses CFF vont devoir supprimer certains trains durant trois semaines suite à un manque de conducteurs.
Depuis la fin du mois de septembre, les CFF connaissent un nouveau pic dans la pénurie de mécaniciens de locomotives (conducteurs). Faute de mécaniciens, les CFF ont dû diminuer la cadence de certains trains RegioExpress depuis le 8 octobre, du vendredi au lundi, pour une durée de trois semaines jusqu’au 25 octobre. Ces perturbations sont directement liées à la pénurie de personnel de conduite qui touche l’opérateur public suisse. Pour ce mois d’octobre, des arrêts maladies et des départs en congé sont venus s’ajouter au manque de mécaniciens obligeant les CFF à prendre cette décision.
Réduction temporaire de service
Ces suppressions concerneraient principalement la Romandie, la partie francophone du pays. Le lundi et le mardi, par exemple, les trains RegioExpress entre Vevey VD et Annemasse (F) ne circulaient que toutes les heures au lieu des 30 minutes habituelles. Les CFF ont du coup modifié les horaires du train InterRegio15 (Lucerne – Genève-Aéroport), afin que celui-ci circule dans l’horaire du RE supprimé et effectue l’ensemble des arrêts prévus entre Lausanne et Genève.
Le Léman-Express, un RER transfrontalier qui circule autour de Genève depuis fin 2019 a également connu des problèmes récurrents. Les CFF indiquaient cependant la semaine dernière que la situation était aussi tendue à Zurich. Alors que la situation semblait être revenue à la normale, comme indiquaient les CFF à la «NZZ am Sonntag» en juillet, le problème est finalement plus profond. Du moins à court terme. «Notre campagne de recrutement va mettre du temps à porter ses fruits, car il faut parfois deux ans entre l’engagement et l’entrée en service», indiquait à la presse helvétique Frédéric Revaz, porte-parole des CFF.
Aujourd’hui, il manque 211 conducteurs pour que le trafic soit totalement assuré. «C’est une erreur des CFF dans la planification », explique Frédéric Revaz. « Nous avons mal évalué les besoins et nous n’avons pas assez formé durant les dernières années, nous le payons maintenant.»
Normalisation en fin d’année
Les CFF comptent environ 2500 conducteurs de trains de voyageurs et environ un millier pour le trafic marchandises. Il y a deux ans, il manquait pratiquement 30 conducteurs par jour. Fin 2019, la compagnie avait lancé une campagne de recrutement pour remédier au problème. Suite à cet appel, les CFF avaient reçu plus de 12.000 candidatures et en ont retenu 300. Les recrues de 2020 sont cependant en nombre insuffisant et leur cursus a été retardé par la crise de la pandémie, qui fut tout aussi sévère en Suisse qu’ailleurs en Europe.
Conduire un train demande de l’expérience en Suisse, explique les représentants des travailleurs. « Lors d’un trajet Brigue-Genève, par exemple, le climat change énormément entre la montagne, le littoral vaudois, le bout du lac ». Ces facteurs s’avèrent cruciaux notamment au moment du freinage: « Il faut tout un savoir-faire pour arrêter au bon endroit un train régional de 450 tonnes. »
La compagnie ferroviaire a pris des mesures à moyen terme pour embaucher davantage d’employés. Au cours des six prochains mois, environ 200 conducteurs de locomotives auront achever leur formation en Suisse. Dans certaines régions comme Zurich et la Suisse romande, elle reste cependant particulièrement tendue jusqu’à fin octobre.
Les CFF partent actuellement du principe que la situation s’améliorera d’ici la fin de l’année.