Le secteur ferroviaire néerlandais ne veut plus supporter seul les coûts de la durabilité
Le secteur ferroviaire ne veut plus supporter seul les coûts de la durabilité. Lorsque SpoorPro a organisé le séminaire « Travailler électriquement dans les chemins de fer » en décembre, les ambitions de ProRail en matière de développement durable ont suscité beaucoup de scepticisme, en particulier chez les petits entrepreneurs ferroviaires. Ils ne peuvent pas investir massivement dans la durabilité du secteur et se demandent quel est le modèle de revenu pour eux. Les grands entrepreneurs ont d’abord pris la tête des efforts de durabilité du secteur, mais ils ont maintenant des doutes eux aussi. Le secteur se sent abandonné dans sa politique de durabilité par le gouvernement et ProRail. C’est ce que SpoorPro entend sur les stands et dans les couloirs de RailTech Europe ’24.
Le directeur-président de Strukton Rail Nederland, Tjark de Vries, l’a dit clairement hier lors d’une interview avec SpoorPro à RailTech Europe ’24 : il faut freiner le développement durable du secteur néerlandais de la construction ferroviaire. « Cela ne peut plus durer. Si nous ne recevons pas d’aide et de coopération de la part des ministères et du gestionnaire des chemins de fer, nous n’irons pas plus loin. » Il semblerait que BAM Infra Nederland partage actuellement les mêmes sentiments. Les multinationales constatent dans leurs états financiers que la durabilité leur coûte beaucoup d’argent qui n’est pas récupéré. Le secteur ferroviaire est donc inquiet. Tout le monde reconnaît l’importance de la durabilité, mais elle ne doit pas conduire à la faillite du secteur.
M. De Vries a été très clair à ce sujet hier : « Par exemple, nous investissons dans une locomotive électrique, nous sommes soumis à la torture de la certification et, pour l’instant, nous ne pouvons l’utiliser que sur nos propres voies. Nous investissons donc beaucoup dans le travail durable. Cependant, nous découvrons aujourd’hui que nous, en tant qu’entrepreneurs, sommes les seuls à prendre des mesures et à en payer le prix. C’est inacceptable.
En clair, le gouvernement affirme que le secteur ferroviaire doit devenir plus durable et s’efforcer d’obtenir un site de construction sans émissions. Le gestionnaire ferroviaire ProRail est enthousiaste : « Oui, faisons-le », mais le marché – c’est-à-dire les entrepreneurs – doit se débrouiller tout seul. « Nous faisons de notre mieux, nous travaillons à l’électricité dans la mesure du possible, mais cela nous coûte beaucoup d’argent », explique M. De Vries. « Et personne ne nous indemnise pour cela.
Les entrepreneurs ont donc l’impression de s’acharner sur un cheval mort. Et cela leur porte préjudice. Car c’est bien ce qu’ils veulent, comme en témoignent tous les efforts déployés par le secteur. Promenez-vous dans RailTech Europe ’24 au Jaarbeurs d’Utrecht et vous le verrez : le secteur ferroviaire travaille d’arrache-pied à la durabilité de son secteur. C’est presque émouvant de voir des sociétés d’ingénierie investir dans le développement d’innovations pour convertir les équipements diesel. Cela leur demande des années d’efforts et donc de l’argent. Les petits entrepreneurs sont fiers d’investir dans ce matériel converti. Ils sont fiers de pouvoir contribuer à un monde meilleur.
En outre, à la foire, vous voyez de nombreux producteurs de matériel ferroviaire investir massivement dans le développement de matériaux et de solutions durables. Des centaines, voire des milliers de personnes y travaillent depuis de nombreuses années. Les entreprises réalisent ces investissements parce qu’elles considèrent qu’il est nécessaire de lutter contre le réchauffement climatique. Mais d’un autre côté, les entreprises n’investissent généralement que si elles peuvent éventuellement récupérer leur investissement. Logique.
Les entreprises du secteur ferroviaire ont une grande responsabilité sociale et semblent la prendre au sérieux, si l’on en juge par toutes les évolutions du secteur. Mais en même temps, les entreprises ont une responsabilité à l’égard de leurs employés. Et c’est la base de cette responsabilité sociale, car les grands entrepreneurs emploient des dizaines de milliers de personnes et doivent faciliter la mobilité de 18 millions de Néerlandais.
« Il va falloir faire des concessions », affirme M. De Vries. « Cette situation n’est viable pour aucun d’entre nous. Par ailleurs, compte tenu de l’énorme tâche de remplacement qui attend les Pays-Bas en termes d’infrastructures, il est grand temps d’élaborer une stratégie de durabilité viable, dans laquelle la facture ne repose pas uniquement sur les épaules du secteur.
Cet article a été publié pour la première fois sur notre publication sœur SpoorPro.com.
Pour en savoir plus :
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