Comment les acteurs du ferroviaire belges perçoivent-t’ils le marché?
Hausse de prix d’énergie, pénurie de rames à grande vitesse, manque d’investissement… Ce sont là quelques-unes des questions qui préoccupent les acteurs de l’industrie ferroviaire belge. Douze entreprises ferroviaires sondées par le Service de régulation font part de leur ressenti par rapport aux services ferroviaires disponibles dans le pays.
Le Service de Régulation surveille et suit les évolutions et les développements du marché dans le secteur ferroviaire en Belgique. Le service a récemment publié les résultats de son enquête de 2022 sur l’évolution des services ferroviaires et de l’installation des services en Belgique. Des acteurs du ferroviaire ont été sondés sur leurs satisfaction par rapport des sujets divers, incluant entre autres les structures tarifaires des redevances d’infrastructure, les coûts de l’énergie, et les priorités pour les investissements ferroviaires.
Allocation et disponibilité de capacités
77% des entreprises sont satisfaites de l’attribution des sillons, mais sont mécontentes des perturbations liées aux travaux qui réduisent les capacités disponibles. Certaines entreprises souhaitent des procédures formelles pour les sillons alternatifs, tandis que 60% veulent un outil pour connaître les capacités disponibles. Les sondées critiquent la gestion des travaux par le gestionnaire d’infrastructure, qui privilégie la maintenance des lignes, fait des distinctions incompréhensibles et ne tient pas compte des conséquences économiques des refus de capacité. Les entreprises sont également mécontentes de l’attribution des capacités locales, en particulier dans le port d’Anvers, les gares de triage et de formation et les voies de garage.
Coûts d’énergie
La forte hausse des prix d’énergie depuis 2021 à doubler la part de ces coûts dans le total des coûts pour beacoup entreprises ferroviaires: ces coûts représentent 10 à 20 pourcent du total des coûts opérationnels. Selon le sondage, aucune entreprise ferroviaire ne serait en mesure de répercuter totalement la hausse de ses coûts de l’énergie sur ses clients. Plus d’un quart ne pourrait pas du tout les répercuter et près de 70% les répercutent partiellement.
Cette crise a aussi conduit plus d’une moitié des entreprises interrogées à engager une réflexion sur leur flotte de matériel roulant: beaucoup d’entreprises souhaitent diminuer la part de leur matériel roulant thermique au profit de l’électrique ou de l’hybride.
Matériel roulant
Près de 70% des entreprises ferroviaires estiment que le marché du matériel roulant n’est pas optimal. Dans le segment passagers, c’est la moitié des sondés. En particulier la pénurie de rames à grande vitesse est évoquée. Cette pénurie ressentie n’est pas nouvelle, étant déjà soulevée dans le sondage de 2014.
Les entreprises pointent les processus d’homologation et les coûts élevés des équipements, comme l’ETCS, pour remédier aux dysfonctionnements du marché ferroviaire. Ce processus est considéré complexe, peu transparent et peu clair, entraînant des délais de livraison du matériel et des systèmes de sécurité trop longs.
Structure tarifaire
Plus des deux-tiers des entreprises ferroviaires sont satisfaites de la nouvelle structure tarifaire, ce qui constitue un grand progrès par rapport à 2014. Cependant, ce taux apparent de satisfaction masque des disparités. La satisfaction est beaucoup plus mitigée dans le segment passagers, en particulier du à l’absence de variation de la tarification en fonction des performances du gestionnaire d’infrastructure.
Enfin, près de la moitié des entreprises ferroviaires pensent que le mode de calcul du coût direct devrait être révisé à la baisse. Quelques entreprises ferroviaires ont fait remarquer que le niveau des coûts directs était plus élevé en Belgique qu’en Allemagne ou aux Pays-Bas.
Autres problématiques soulevées
De manière générale, les entreprises estiment qu’il faut augmenter les capacités du réseau afin de pouvoir augmenter la part modale du rail. Plus spécifiquement les sondés suggèrent la modernisation des infrastructures portuaires et des passages aux frontières, et l’élargissement du nombre de voies dans certaines zones très denses. Ils proposent aussi des investissements dans la maintenance du réseau, dans la gestion de la capacité numérique, dans l’électrification des voies, et pour pour supprimer les goulots d’étranglement.
Pour conclure, les entreprises ferroviaires considèrent aussi que le transport ferroviaire n’est pas compétitif par rapport au transport routier, car les coûts liés à l’utilisation des infrastructures et environnementaux ne sont pas répercutés de manière équitable. Pour améliorer la compétitivité, elles proposent une régulation des différents modes de transport et encouragent le transport intermodal.
Lire aussi: