Allemagne : Abellio quitte définitivement la Ruhr
La filiale ferroviaire des chemins de fer néerlandais, devenue insovable en Allemagne, quitte définitivement la Ruhr, entraînant un très rapide transfert des services ferroviaires vers d’autres opérateurs
Ce 31 janvier 2022, Abellio cessera définitivement ses activités dans la Ruhr en Allemagne, entraînant une course contre la montre pour que la reprise du trafic par les nouveaux opérateurs se fasse en douceur.
En décembre dernier, le comité d’attribution de l’Association des transports Rhin-Ruhr (VRR) avait fixé la marche à suivre pour déterminer qui devait reprendre le trafic d’Abellio dans le cadre d’une attribution d’urgence. Il fut décidé que les S-Bahns et les trains régionaux de la région de la Ruhr exploités seraient exploités par la Deutsche Bahn, c’est-à-dire par DB Regio NRW, à partir du 1er février. Il s’agit notamment des lignes S-Bahn S2 (Essen-Dortmund), S3 (Oberhausen-Hattingen) et S9 (Wuppertal-Essen-Haltern), ainsi que du RE49 de Wesel à Wuppertal.
DB Regio reprenait aussi le réseau Ruhr-Sieg, qui comprend le RB 91. De son côté, l’opérateur privé National Express reprenait les lignes RRX RE1 (Aix-la-Chapelle-Essen-Hamm) et RE11. Cette reprise est aussi logique car le groupe germano-britannique exploite déjà les lignes précurseurs de RRX RE4 (Aix-la-Chapelle-Düsseldorf-Wuppertal) et RE6.
La S-Bahn S7 de Wuppertal à Solingen via Remscheid sera à l’avenir exploitée par la société ferroviaire Vias, qui a jusqu’à présent exploité deux lignes plus petites à Mönchengladbach et Düsseldorf. Cette société germano-danoise reprendra également la Niederrheinbahn, qui comprend la RE19 de Düsseldorf à Arnheim via Wesel ainsi que la RB35 de Mönchengladbach à Gelsenkirchen.
Créer les conditions de la transition
Un moment clé de cette opération est la transition du personnel. En temps normal, il faut 18 mois pour qu’un nouvel opérateur puisse se préparer et assurer la reprise en douceur. Ici, il n’y a qu’un petit mois ! Car une bonne transition est conditionnée par l’accès à l’information.
L’interlocuteur de DB Regio-NRW et des deux autres compagnies ferroviaires, Vias et National Express, n’est plus la direction d’Abellio mais l’administrateur judiciaire. Ce qui complique encore plus les choses.
Pour s’assurer que les quelque 1000 employés d’Abellio passent effectivement chez leur nouvel employeur, une prime mensuelle de changement de salaire fut prévue. « La transition ne fonctionnera pas sans conducteurs de train et sans personnel de bord », a déclaré Frank Heidenreich, chef du groupe CDU au sein du VRR. Tout cela sur fond de crainte d’une surenchère salariale du personnel, tant d’Abellio que des autres opérateurs. L’Allemagne sort en effet à peine de la grève de l’automne sur ce sujet sensible.
DB Regio-NRW se prépare dans l’urgence
Chez DB Regio, qui ramène le plus de lignes et de personnel, la tâche est colossale. Ce sont près de 540 conducteurs de train, de personnel au sol et de collaborateurs administratifs qu’il faut accueillir. Ce n’est que le 20 décembre que DB Regio-NRW a reçu les listes du personnel avec les noms et adresses des 540 employés d’Abellio qui se sont vus proposer une reprise directe par la DB. Ils ont reçu une lettre le jour même.
Environ 120 des conducteurs de train dont a besoin DB Regio-NRW de toute urgence ont jusqu’à présent contacté une ligne téléphonique spécialement mise en place et exprimé leur intérêt pour un transfert. Certains d’entre eux ont déjà suivi la formation de trois jours pendant les vacances de Noël, une étape obligatoire pour tous les employés transférés.
DB Regio-NRW doit en effet, du jour au lendemain, assurer le trafic sur les 9 lignes qu’elle va reprendre, ce qui représente près de 200.000 trajets annuels supplémentaires à planifier.
L’autre défi consiste à obtenir des informations exactes sur l’état du matériel roulant. DB Regio ne sait pas encore quelles pièces de rechange et quels outils spéciaux seront remis à DB Regio par Abellio et à quelles conditions.
Le dossier Abellio va certainement laisser des traces sur la politique de libéralisation, bien qu’il n’y ait jusqu’ici personne en Allemagne pour la remettre en cause.