L’UIC lance une étude sur les trains de nuit

Photo : ÖBB

L’UIC, l’Union Internationale des Chemins de Fer qui compte 208 membres du secteur ferroviaire, va à son tour se lancer dans une étude sur les trains de nuit. Un sujet qui intéresse la Belgique puisque certains projets sont dans les cartons au départ de Bruxelles.

Arriver reposé à destination, économiser une nuit d’hôtel ou une journée de voyage sont des arguments en faveur du train de nuit, qui revient au-devant de la scène depuis quelques temps. Depuis les années 2000, ces trains disparaissaient progressivement du paysage ferroviaire européen et en Belgique, la SNCB mettait un terme à leur exploitation dès 2003. L’Allemagne avait à son tour arrêté ses trains de nuit en 2016 ce qui donna l’occasion aux autrichiens des ÖBB de reprendre certains services et de se lancer à l’international.

L’UIC, en tant que forum de coopération, de dialogue et de partage des bonnes pratiques entre ses membres, veut être l’instance appropriée pour discuter de ces sujets, compte tenu de sa neutralité et du grand nombre de membres impliqués. L’association ne s’était pas réellement positionnée sur l’exploitation des trains de nuit, les membres étant libre de leur politique ferroviaire.

Les trains de nuit comme transport bas carbone

L’UIC constate que la prise de conscience environnementale croissante a relancé une demande pour des alternatives de transport à faible émission de carbone sur longues distances, dont les trains de nuit sont les meilleurs représentants. Les membres de l’UIC ont donc été invités à joindre un nouveau groupe de travail sur les trains de nuit par le biais du comité interurbain et à grande vitesse (Intercity and High-Speed Committee – ICHSC). L’objectif de l’ICHSC étant de lancer les activités de ce nouveau groupe de travail après l’été 2021.

La vision en Europe pour 2030 consiste à concevoir un réseau avec 15 lignes de nuit domestiques (certaines traversant légèrement les frontières, par exemple vers Genève ou Bruxelles), et 15 lignes internationales, allant jusqu’à Lisbonne, Malmö ou Budapest. Le lancement de ce réseau d’ici 2030 pourrait représenter plus de 10 millions de passagers par an, que l’UIC espère pouvoir retirer des vols courts et des trajets en auto, ce qui représenterait ainsi une importante économie de CO2. Si les opérateurs sont en mesure de relever les défis majeurs auxquels ils sont confrontés, les trains de nuit pourraient jouer un rôle important dans le monde post-pandémique et contribuer de manière significative à la réduction des émissions des transports.

Dans ce contexte, les principaux objectifs de ce groupe de travail UIC Trains de Nuit seraient de:
• Construire un partenariat rassemblant les acteurs des trains de nuit;
• Mettre en œuvre des normes pour les coachs et les systèmes de vente;
• Renforcer la situation économique des trains de nuit;
• Spécifier les frais de sillon/frais d’accès aux voies pour les trains de nuit.

La création de ce groupe de travail est l’occasion de partager les meilleures pratiques et de développer des projets et des normes communs dans les domaines du matériel roulant, des opérations, des corridors, des modèles transfrontaliers, commerciaux et économiques et des services à bord.

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Une Europe contrastée

On peut dire qu’il y a du travail. Actuellement, le paysage des trains de nuit en Europe est plutôt contrasté. L’Italien Trenitalia, les suédois, les finlandais, les polonais ainsi que l’Autrichien ÖBB maintiennent encore des trains de nuit avec voitures-lits, quand en France, la SNCF se contente de voitures-couchettes rénovées sur quatre lignes nationales. En Allemagne, la Deutsche Bahn n’a jusqu’ici aucun projet et l’Espagne a complètement arrêté l’exploitation ses fameux Trenhotel, des trains de nuit Talgo. En Grande-Bretagne, trois trains de nuit quittent Londres chaque soir pour l’Écosse, Glasgow/Edimbourg et Penzance, dans le Sud-Ouest.

En face, des opérateurs privés prennent le relais mais avec des trains saisonniers, comme ceux de Regiojet entre Prague et la Croatie ou plus récemment, le privé suédois Snälltåget qui opère pou l’été un train de nuit entre Stockholm, Malmö, Hambourg et Berlin. Sans oublier RDC Deutschland qui opère un train de nuit entre Sylt, Hambourg et Salzbourg, aux portes de l’Autriche.

Pour 2022, il est aussi question qu’une start-up lance un train de nuit Bruxelles-Amsterdam-Berlin-Prague, avec le support technique de Regiojet. Enfin une autre start-up, française celle-là, compte lancer un nouveau concept de train de nuit au départ de Paris, sans plus de précisions jusqu’ici. Il sera donc intéressant de voir les conclusions que tirera l’UIC de ces derniers développements.

Auteur: Frédéric de Kemmeter