Les manifestants français du « train de la colère » réclament des liaisons fiables avec Paris
Le 15 avril, des militants sont montés à bord de deux trains de protestation symboliques entre Clermont-Ferrand et Paris pour réclamer une liaison ferroviaire plus fiable et à long terme. Les autorités locales et plusieurs groupes de défense du rail affirment que les lignes vers le centre et le sud de la France sont obsolètes, sous-utilisées et mal reliées entre elles.
Oui à un train Paris – Clermont fiable et durable, non à un cul-de-sac ferroviaire pour l’Auvergne ! Un message clair des groupes d’action qui sont montés à bord d’un « train de la colère » – comme ils l’ont appelé – jusqu’à Paris pour exiger que des mesures soient prises.
Des centaines de voyageurs et d’élus locaux des lignes Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT) et Paris-Clermont-Ferrand se sont rendus à Paris pour réclamer des investissements sur ces lignes, selon Actu.fr. Ils avaient prévu de se réunir à la gare d’Austerlitz avant de remettre au gouvernement un livre blanc reprenant leurs revendications.
Si de nombreux officiels étaient à bord des trains, certains manquaient à l’appel, comme le président du département du Puy-de-Dôme, qui a déclaré vouloir donner une chance aux travaux entrepris. Le maire de Clermont-Ferrand, Olivier Bianchi, a parlé d’une « erreur politique », affirmant que « bien sûr, nous venons de rencontrer le ministre à Clermont. Mais cette visite n’est pas la fin de notre combat. Il n’y a rien d’impoli à revenir aujourd’hui pour maintenir la pression », rapporte La Montagne.
Pas à la hauteur
Le ministre français des transports, Philippe Tabarot, a déjà reconnu que « la qualité du service n’est pas au rendez-vous » et a annoncé plusieurs mesures temporaires, dont la mise en vente de 10 000 billets à 19 euros en juin, une réduction de 10 % sur les abonnements et une extension des indemnisations pour les retards de plus de trois heures.
Les militants soulignent que des lignes stratégiques entre les métropoles françaises ont été fermées ou suspendues, avec, dans le pire des cas, un train toutes les deux heures sur une plage horaire quotidienne allant de 5 heures à 23 heures, y compris les week-ends. La ligne Clermont – Paris, qui accueillera environ 1,9 million de voyageurs en 2023, compte 413 kilomètres de voies et traverse quatre régions du centre de la France.
Redevenir un nœud ferroviaire
Le futur service express régional métropolitain (SERM) promis ne résoudra aucun des problèmes récurrents, affirment les groupes d’action, car le réseau vieillissant a « longtemps souffert » de fermetures et d’un service très limité entre les villes. « Clermont-Ferrand doit redevenir le nœud ferroviaire qu’il a été. Toutes les statistiques de trafic récentes montrent une augmentation significative de l’utilisation du rail. Qui pourrait s’opposer aux besoins des citoyens ?
Du nouveau matériel roulant est en route, mais vu l’état du réseau, ce n’est pas suffisant, estiment les militants. Un comité de suivi de la ligne Intercités Paris-Clermont-Ferrand, qui s’est tenu le 11 avril à Clermont-Ferrand, a confirmé que des trains, appelés Oxygène, devraient être livrés d’ici 2027, actuellement en phase de test. Malgré un investissement de près d’un milliard d’euros entre 2018 et 2026, des associations comme Urgence Ligne POLT affirment qu’il faut aller plus loin et estiment que 2,5 à 3 milliards supplémentaires sont nécessaires pour renouveler entièrement l’infrastructure.
Plan d’action
Plan d’action lancé le 23 février 2024 à Clermont-Ferrand par la ministre française des Transports et le président de la SNCF, visant à améliorer la qualité de service sur la ligne Paris-Clermont-Ferrand. Selon SNCF Réseau, le plan comprend des mesures concrètes telles que l’installation de clôtures pour empêcher les animaux sauvages et le bétail de traverser les voies, le débroussaillage pour réduire les risques d’incendie et l’abattage des arbres susceptibles de tomber en cas de tempête. Des capteurs seront ajoutés pour surveiller à distance les infrastructures clés telles que les passages à niveau et les signaux, afin de permettre une maintenance prédictive et des réparations plus rapides.
En cas d’incident, la réponse sera renforcée grâce au déploiement de locomotives diesel d’urgence et à l’activation d’une cellule de crise nationale, les équipes de protection civile aidant les passagers plus rapidement. Les résultats de ces mesures ne semblent toutefois pas être ressentis par la région, ce qui a conduit les groupes d’action à organiser la campagne « train de la colère ».
Le Collectif des Usagers des Transports du Haut Allier défend les chemins de fer du centre de la France depuis 2009, rejoint en 2020 par le groupe Nous Voyageurs ! En 2023, une nouvelle coalition appelée AuRAil, représentant 22 organisations de la région Auvergne-Rhône-Alpes, a été créée. En plus de réclamer une amélioration des infrastructures, ils demandent également le retour du train de nuit « Massif central », avec des branches entre Paris et des villes telles que Clermont-Ferrand, Alès, Nîmes, Millau, Béziers, Aurillac et Brive.
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