Le nouveau TGV Ms de la SNCF en 9 points simples, et pourquoi même un nouveau nom ne peut pas déplacer l’éléphant dans la pièce.

La SNCF et Alstom ont enfin dévoilé le nouveau TGV Ms, l’avenir du train à grande vitesse français. RailTech décompose le nouveau matériel roulant en 9 points faciles à comprendre, y compris l’éléphant dans la pièce – les retards persistants dans le lancement des trains.
Il est enfin là. Mardi, sur un quai parisien, la SNCF et Alstom ont présenté le TGV-M, le nouveau matériel roulant à grande vitesse qui fera entrer le réseau français dans le XXIe siècle. La plus grande nouveauté de cette présentation est sans doute le changement officiel de nom : le matériel roulant est débarrassé de son « M » et s’appelle désormais TGV INOUI.
Mais on peut se demander, au milieu de toute cette agitation, si cela a quelque chose à voir avec l’éléphant dans la pièce – le retard considérable dans la réception et le lancement commercial des trains. La SNCF voulait les lancer en décembre de l’année dernière. Mais ce délai a été considérablement repoussé, notamment en raison de retards dans la livraison des batteries du système d’alimentation électrique de secours du sous-traitant Saft et d’autres problèmes de production. À cela s’ajoute la volonté de la SNCF de tester minutieusement les trains avant de les mettre en service.
Récemment encore, l’opérateur français a déclaré que le premier des nouveaux TGV, dont on a désespérément besoin pour compenser l’explosion de la demande de trains à grande vitesse, serait prêt pour une utilisation commerciale, non pas cet hiver (déjà un retard) comme prévu, mais au printemps 2026. Voici donc une analyse des dernières caractéristiques du TGV INOUI en 9 points faciles à digérer – et pourquoi personne ne veut parler de leur lancement retardé.
1. Conception modulaire du TGV, 20 % de places assises en plus
L’une des principales caractéristiques du TGV INOUI est l’accent mis sur la modularité, et donc sur l’efficacité. Contrairement aux générations précédentes, il présente une configuration de train flexible, avec la possibilité d’exploiter entre sept et neuf voitures, en ajustant la capacité en fonction de la demande. Cela signifie que la SNCF peut optimiser la longueur des trains en fonction des itinéraires et des heures de la journée, ce qui est vital compte tenu de l’augmentation constante mais aussi de la variabilité du nombre de passagers sur les lignes à grande vitesse françaises.
]En effet, le nombre maximal de places assises a augmenté de 20 %, atteignant 740 passagers par train, ce qui est important dans le contexte de l’augmentation du nombre de personnes souhaitant utiliser les trains à longue distance en France. Ce résultat a été obtenu grâce à un aménagement intérieur plus compact, avec des systèmes électriques et des unités de chauffage, de ventilation et de climatisation repensés pour libérer de l’espace. Les espaces de stockage des bagages et des vélos ont également été optimisés, avec des configurations adaptables en fonction des saisons.
2. Plus d’accessibilité, plus de facilité à trouver son siège
Pour tous ceux qui ont eu à se battre dans la foule pour trouver leur place dans un TGV français, l’efficacité de l’embarquement sera considérablement améliorée grâce à un nouveau système intuitif de numérotation des sièges. Le premier chiffre de chaque numéro de siège correspondra désormais toujours au numéro de la voiture.
De plus, la suppression des portes à l’entrée des voitures (plus de blocage entre les voitures) a permis de créer un espace plus ouvert et plus facile à parcourir. Cela permet également aux passagers de mieux surveiller leurs bagages – il y a également de plus grands porte-bagages – malgré certaines inquiétudes quant à l’augmentation du niveau sonore due à l’absence de cloisons.
Aujourd’hui c’est la présentation du tgv M , le nouveau tgv inouï, voici quelques photos que j’ai pu prendre ! Dommage je n’ai pas pu accéder à l’intérieur ! @TGVINOUI @SNCFVoyageurs #tgv #tgvinoui pic.twitter.com/6HAMNd9ecw
– Chef de bord IC (@AudreyICnuit) 11 mars 2025
Mais tout cela fait aussi partie de l’avancée majeure pour l’accessibilité des nouveaux TGV, la SNCF et Alstom ayant intégré dans le processus de conception les retours d’expérience des associations de défense des personnes handicapées. Le nouveau système PMR (Personnes à Mobilité Réduite) comprend pour la première fois une plate-forme élévatrice qui permet aux utilisateurs de fauteuils roulants de monter à bord de manière autonome, sans avoir besoin d’une aide extérieure. À l’intérieur, les espaces réservés aux PMR sont plus grands qu’auparavant – il y a cinq places accessibles aux fauteuils roulants et une signalisation en braille pour les passagers malvoyants – tandis que les toilettes ont également été agrandies, avec de larges portes automatiques pour en faciliter l’accès.
3. Plus d’espace pour les sièges, sans augmentation de la capacité
En effet, pour tous les passagers, les nouveaux trains donnent une impression d’ouverture, grâce à une refonte complète des sièges, de l’espace et de l’aménagement intérieur qui donne la priorité au confort des passagers sur le long terme. Ainsi, en seconde classe, bien que les sièges à haute densité aient été conservés, leur structure plus fine permet de gagner cinq centimètres d’espace pour les jambes. Les sièges sont désormais équipés d’appuis-tête réglables, de plateaux de rangement et de ports de recharge USB-A – la SNCF ayant notamment opté pour le standard USB-C, plus moderne.
En Première classe, les sièges ont été élargis de cinq centimètres par rapport aux générations précédentes, et disposent d’accoudoirs complets améliorés avec un tissu tricoté en trois dimensions qui crée un « effet hamac » pour une meilleure répartition du poids. La composition de la mousse a également été optimisée pour un meilleur soutien sur les longs trajets.
🚄✨ le nouveau #TGVinoui à Paris-Gare de Lyon
Présentation du prochain TGV de @SNCFVoyageurs: aérodynamique et futuriste, lignes épurées, design, coloré et moderne by @AlstomFrance
Un véritable bijou sur rails ! 💎 Bravo aux équipes mobilisées 👏
#Design #Innovation 🚅 pic.twitter.com/o0cRZZQyp1– Lucie Arcovio (@LucieArcovio) 11 mars 2025
4. Garder l’esprit TGV
Un TGV ne serait pas un TGV sans éclairage d’ambiance. Si les lampes orange caractéristiques du TGV restent un élément emblématique de l’intérieur, l’ensemble du système d’éclairage a été modernisé grâce à la technologie LED adaptative. Ces lampes automatisées s’adaptent de manière dynamique : elles s’éteignent pour les trajets de nuit et s’allument à l’approche des gares. Par ailleurs, l’une des améliorations les plus visibles est l’agrandissement des fenêtres panoramiques, conçu pour augmenter la lumière naturelle et améliorer l’impression générale d’espace à l’intérieur du train.
5. Le nouveau concept de restauration « Bistro TGV INOUI
En ce qui concerne la gastronomie française, la voiture-bar a été entièrement repensée et rebaptisée « Bistro TGV INOUI ». Elle s’étend désormais sur deux niveaux, reliés par un escalier, offrant un espace libre-service au niveau inférieur et un espace de restauration dédié sur le pont supérieur. Des bornes de paiement automatisées sont installées, tandis qu’un service de barista reste disponible pour une hospitalité plus traditionnelle.
6. Connectivité et solutions de recharge
En ce qui concerne les équipements du 21e siècle, le système Wi-Fi embarqué de nouvelle génération promet une connectivité améliorée par rapport aux modèles de TGV précédents, même si son efficacité dépendra de la couverture des réseaux 4G/5G le long du trajet. L’INOUI est également équipé d’un système Wi-Fi compatible 5G entièrement mis à jour, qui, selon la SNCF, améliorera considérablement la connectivité à bord et les services de streaming.
Il y a aussi une nouvelle application pour les passagers, ONE Mobility, qui intègre le suivi des trains en temps réel, la billetterie numérique et des chatbots d’assistance pilotés par l’IA. Les passagers peuvent également accéder à un portail de contenu avec plus de 500 options de divertissement, y compris des films, des séries, des magazines et des podcasts.
7. 20 % d’efficacité énergétique en plus
En ce qui concerne les spécifications plus générales des trains, pour ceux qui l’auraient oublié, le nouveau matériel roulant est conçu pour une vitesse maximale de 350 km/h. Toutefois, leur vitesse opérationnelle en service régulier est limitée à 320 km/h.
En termes d’économie d’énergie, ils sont désormais 20 % plus efficaces que leurs prédécesseurs, en partie grâce à un nez aérodynamique redessiné qui réduit la traînée. Non seulement ils sont plus durables, mais la réduction de la traînée améliorera apparemment les performances globales du train, ce qui permettra des trajets plus fluides et plus rapides.
Le jour est officiellement arrivé… saluez le design intérieur du futur @TGVINOUI, de notre gamme #Avelia Horizon, dévoilé aujourd’hui avec @SNCFVoyageurs.
En savoir plus : https://t.co/m5R4OulmLb#MobilityByNature #HighSpeed pic.twitter.com/QQhf9F1hmL
– Alstom (@Alstom) 11 mars 2025
En matière de développement durable, les trains sont également recyclables à 97 % et fabriqués à partir de 25 % de matériaux recyclés. Par ailleurs, les émissions de carbone devraient être inférieures de 50 % à celles des trains à grande vitesse à un seul niveau.
8. Approche du 21e siècle en matière de maintenance et de diagnostic
Les nouveaux TGV ne seraient pas dignes de ce nom s’ils n’incluaient pas une certaine forme de technologie intelligente, et Alstom a tenu ses promesses. Chaque TGV INOUI est équipé d’un système de télédiagnostic qui permet de surveiller en temps réel l’état des composants critiques. La maintenance prédictive pilotée par l’IA permet de s’assurer que les défaillances telles que les dysfonctionnements des portes, les pannes de chauffage, de ventilation et de climatisation, et les problèmes liés au système d’alimentation électrique sont identifiés avant qu’ils n’affectent les opérations.
Le constructeur français a également introduit TrainLab, un système de jumeau numérique qui simule des scénarios opérationnels avant le déploiement physique, ce qui améliore la sécurité et devrait réduire le temps d’essai. Mais cela nous amène malheureusement au problème majeur des trains….
9. L’éléphant dans la pièce : le retard du TGV
Comme nous l’avons dit, les premiers TGV INOUI devaient entrer en service en 2024, mais en raison de divers problèmes, le lancement a été reporté au printemps 2026. Les retards sont en partie dus à des difficultés techniques et à des retards de livraison – la question des batteries – mais un facteur important a été la décision de la SNCF de mener un vaste programme d’essais pré-opérationnels d’un million de kilomètres avant de déployer les trains commercialement.
Bien que l’opérateur français affirme que cela garantira la fiabilité – la nature capricieuse des nouveaux trains à grande vitesse espagnols a peut-être servi d’avertissement -, cela a mis à rude épreuve le parc existant mais très réduit de la SNCF à un moment où la demande de voyages en train à grande vitesse n’a jamais été aussi forte.
Une approche prudente
La réalité d’une approche prudente est que le fait de repousser l’entrée en service commercial du TGV Ms au printemps 2026 sollicitera encore plus un parc déjà surchargé. Avec 376 TGV en service – contre 482 il y a dix ans – la SNCF a du mal à répondre à la demande, bien qu’elle ait augmenté de 10 % le nombre de places assises dans les TGV existants depuis 2019. Même les mesures palliatives telles que l’allongement de la durée de vie des trains et la rénovation des anciens modèles ne parviennent pas à compenser totalement l’absence de la flotte de nouvelle génération.
Pendant ce temps, le monopole de la SNCF est confronté pour la première fois à une véritable pression, avec Trenitalia qui opère déjà entre Paris et Lyon et devrait s’étendre à Marseille en juin, alors que l’opérateur public espagnol Renfe se prépare à entrer sur le marché intérieur français – bien qu’il affirme que la SNCF fait tout ce qu’elle peut pour retarder ce processus.
Si le dévoilement du nouveau TGV est indéniablement excitant, le faste de cette semaine soulève autant de questions sur les réalités du matériel roulant qu’il n’apporte de réponses sur son apparence. Pour l’heure, les premières unités de TGV INOUI devraient entrer en service sur la ligne Paris-Marseille au début de 2026, avant d’être progressivement étendues à Paris-Nice et aux Alpes. L’opérateur a également commandé 15 unités supplémentaires pour les liaisons internationales, l’Italie étant la priorité absolue. Mais compte tenu de la façon dont le calendrier continue d’être mis à jour, ne retenez pas votre souffle.
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